Un fragment de fanion de la 13e Demi-Brigade de la Légion étrangère
©Musée de la Légion étrangère / Inv. : 2009.267.
En 1883, la France organise un corps expéditionnaire pour régler la question des prétentions chinoises sur l’Annam et le Tonkin. Le 1er Bataillon de la Légion étrangère fait partie de ce corps expéditionnaire. Le 14 décembre 1883, l’armée française arrive à Son-Tay, cette victoire inaugure 80 ans d’opérations pour l’Indochine française. La Légion est de tous les combats depuis la pacification jusqu’à la défaite de Diên Biên Phu qui sonne le glas de la colonie en 1954.
Le 13 mars, l’offensive du Vietminh débute par la destruction du 2e Bataillon de la 13e DBLE (demi-brigade de Légion étrangère) sur le point d’appui Béatrice, écrasé par l’artillerie lourde. Le 7 mai, les légionnaires de la 13e DBLE rescapés, reçoivent l’ordre de se rendre, après avoir détruit tout le matériel et tous les documents. Après deux mois de combat, ces soldats n’ont rien perdu de leur esprit guerrier. Chacun sait que la capture d’un emblème est une chose dramatique qui signifie le déshonneur de l’unité. Ils choisissent alors de découper leur fanion et de le distribuer aux légionnaires présents. Certains le cachent sous leurs pansements, dans leurs chairs meurtries. Ce fragment de la 2e Compagnie du 3e Bataillon, caché par le sergent-chef Walter dans ses pansements, est remis à sa mort au sergent Leroy puis au capitaine Adam. Ce fragment porte la deuxième partie de la devise « Honneur et fidélité », dont la mort du sergent-chef Walter illustre cette fidélité. Malheureusement, les deux tiers de ces hommes de la 13e DBLE ne reverrons jamais la France. Morts en captivité, leur dépouille git sur ce sol du Tonkin pour lequel ils ont consenti à l’ultime sacrifice. Portés au tombeau, ces légionnaires gardent encore au creux de leurs blessures ce petit bout de tissu qu’ils ont défendu.
Ceci explique pourquoi ne subsistent aujourd’hui que ces maigres fragments, parvenus par miracle jusqu’à Sidi-Bel-Abbès, foyer historique de la Légion. Cette histoire fait écho au drapeau des pavillons noirs ramené comme trophée du siège de Tuyen Quang au quartier Vienot en 1885. Ces deux drapeaux entreposés dans la salle d’honneur de la Légion à Sidi-Bel-Abbès, relient ainsi toute l’histoire de l’Indochine française, de la conquête de 1884 aux adieux de la Légion à l’Indochine, en 1954.