L'épuration
L’idée de purifier la Nation en châtiant les traîtres apparaît dans les milieux résistants dès les premiers mois de l’Occupation. On en retrouve l’écho dans la presse clandestine au début de l’année 1943 et le terme même d’épuration est présent dans l’ordonnance du Comité français de la Libération nationale du 18 août 1943, qui instituait une commission d’épuration. On peut distinguer l’épuration extrajudiciaire de l’épuration légale.
Si d’aucuns pouvaient craindre une insurrection nationale communiste, si quelques Cassandre prédisaient l’embrasement du pays tout entier dans la guerre civile, force est de constater le climat d’union nationale dans lequel se déroula, globalement, la Libération. Le parti communiste avait renoncé à son projet insurrectionnel, comme en témoignait l’attitude de son secrétaire général, Maurice Thorez, de retour d’URSS en France, le 27 novembre 1944. Relayant les directives de Staline rencontré au Kremlin quelques jours plus tôt, il entérinait sans ambiguïté la dissolution des milices patriotiques communistes. Menée tambour battant par le général de Gaulle, ses préfets et ses commissaires régionaux de la République, l’autorité de l’Etat était rétablie sans trop de heurts. Pour autant, la France a connu des épisodes violents dans lesquels s’inscrit l’épuration.
L’idée de purifier la Nation en châtiant les traîtres apparaît dans les milieux résistants dès les premiers mois de l’Occupation. On en retrouve l’écho dans la presse clandestine au début de l’année 1943 et le terme même d’épuration est présent dans l’ordonnance du Comité français de la Libération nationale du 18 août 1943, qui instituait une commission d’épuration. On peut distinguer l’épuration extrajudiciaire de l’épuration légale. La première commence sous l’Occupation puisque sur ses environ 9 000 victimes, 2 200 sont exécutées avant le débarquement de Normandie. Cependant, c’est bien avec la retraite des Allemands que la violence épuratrice s’exerce le plus, dans un contexte rendu particulièrement tendu après des semaines voire des mois de bombardements, combats, massacres. L’épuration extrajudiciaire vise en particulier les derniers soldats allemands, les collaborateurs et toutes celles et ceux qui sont suspectés d’avoir fraternisé avec l’ennemi ou d’avoir d’une quelconque façon profité de sa présence : les traîtres à la patrie. Durant les journées libératrices, ce sont environ 5 000 personnes qui sont exécutées . de même, les deux tiers des 20 000 femmes tondues entre 1943 et 1946 le furent à la Libération. Par exemple, en Bretagne, 581 personnes sont sommairement exécutées et 270 femmes tondues entre le 6 juin et septembre 1944. Mais dès octobre, les cours de justice sont instituées dans chaque département, ce qui permet les débuts de l’épuration légale, même si 1 800 personnes sont encore exécutées en dehors de tout cadre judiciaire.