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Une médaille pour les vainqueurs de la Bastille

©Collection Maurice Bleicher

 

Le 6 juillet 1880, la loi Raspail institue le 14 juillet comme jour de fête nationale.

Pour la jeune IIIème république, née de la défaite de 1870 face à la Prusse et enfin définie par les lois constitutionnelles de 1875, le recours aux symboles révolutionnaires permet d’inscrire le régime dans le temps long de l’Histoire et, par là-même, de le légitimer. La République s’affirme ainsi comme le régime naturel de la France, l’aboutissement d’une histoire politique mouvementée et enfin pacifiée par le recours au suffrage universel.

Si la référence du 14 juillet aux premiers temps de la révolution française ne fait pas de doute, la nature exacte de l’événement commémoré est toutefois moins évidente et la loi, qui stipule que « La République adopte le 14 juillet comme jour de fête nationale annuelle » se garde bien de lever l’ambiguïté.

Le 14 juillet évoque ainsi d’abord spontanément la prise de la Bastille. Symbole de la fin de l’absolutisme royal, cet événement marque aussi l’irruption du peuple dans le processus révolutionnaire. Après la révolution parlementaire et juridique, il amorce en effet une révolution politique et sociale qui culminera avec l’abolition des privilèges durant la nuit du 4 août.

L’importance du 14 juillet 1789 va ainsi bien au-delà de la seule émeute populaire qui aboutit à la prise puis la destruction d’une prison royale obsolète. Les contemporains ne s’y trompent d’ailleurs pas qui, très tôt, célèbrent puis commémorent les « vainqueurs de la Bastille ».

 

L’objet de la semaine est en relation avec cet épisode de notre histoire nationale

 

Les « Vainqueurs de la Bastille » se composent de deux groupes les « bourgeois » et les gardes-françaises.

Ce dernier, estimé à une centaine d’hommes, comprend, d’une part, les deux sections du 3ème bataillon du régiment des gardes-françaises qui se trouvent de garde à l’Hôtel de Ville le 14 juillet, et d’autre part, une quarantaine d’isolés regroupés autour du sous-lieutenant Elie, du régiment de la Reine, et de l’adjudant Hulin.

Le 5 août, le comité militaire de l’Assemblée communale de Paris propose l’attribution d’une médaille d’or communale à ce groupe de gardes-françaises et de militaires qui a contribué à la prise de la Bastille. Un arrêté du 1er septembre décrit la décoration : en forme de losange, elle est en or. L’avers porte un faisceau de chaînes brisées, cadenas ouvert, avec la légende « La liberté conquise » et la date en exergue « 14 juillet 1789 ». Sur le revers, une épée, la pointe en haut, traverse une couronne mi-chêne, mi-laurier ; elle est entourée d’un vers du poète latin Lucain qui peut se traduire par « Ignorent-ils que les armes ont été données contre la servitude ». Le losange se porte suspendu à un ruban aux couleurs de la ville de Paris, mi-partie bleu et rouge, ayant en outre un liseré blanc de chaque côté.

Cette médaille est attribuée aux 64 gardes-françaises du 3ème bataillon ainsi qu’à la quarantaine d’isolés des autres compagnies de ce régiment ou d’autres unités.

Un brevet est remis à chaque titulaire. Il porte en exergue les armes de la Ville de Paris et deux textes d’attribution signés par Bailly, maire de Paris et par La Fayette, commandant la Garde nationale.

 

 

Pour en savoir plus :

 

Consultez notre page dédiée à la fête nationale du 14 juillet