Maginot - Carnets de patrouille
Bezonvaux - extraits : 25 août 1914
Nous nous étions installés au village de Bezonvaux, c'est à dire à la pointe même des avant-postes. Petit à petit, nous avions pu constituer de véritables troupeaux d'approvisionnement. De nos expéditions, il n 'était pas rare de nous voir ramener des poules, des lapins qui venaient augmenter nos réserves. Pillards et "carottiers", mes hommes se chargeaient de trouver les "extras" qui, joints à l'ordinaire nous permettaient une bonne chère continuelle.
Il me faut l'avouer ici que, bien souvent, je fermais les yeux sur les rapines de mes bonshommes . je leur demandais trop de sacrifices pour m'arrêter aux légères entorses qu'ils pouvaient faire aux stricts règlements ... Ce n'est que par la suite et sur les pressants appels de mes nombreux rapports que Bezonvaux fut plus solidement occupé par le 44ème territorial d'abord, puis par le 164ème d'infanterie. Les résultats de notre organisation dépassèrent nos prévisions. Me basant sur cette idée que la défense d'un camp retranché ne commence point à la limite de son premier fort, je cherchai surtout à donner de l'air à Verdun, à tenir assez l'ennemi en respect pour qu'il puisse se décider à occuper définitivement des villages neutres encore, tel que Maucourt, Mogeville, Ornes qui passaient tour à tour aux mains françaises et ennemis...