Une médaille commémorative des combats en Indochine
©Collection Maurice Bleicher
Le 2 septembre 1945, le dirigeant nationaliste vietnamien Hô-Chi-Minh met à profit la capitulation japonaise pour proclamer l’indépendance du Vietnam. Dès le mois d’octobre, la France envoie en Indochine un corps expéditionnaire destiné à réaffirmer son autorité sur la péninsule.
Les premières négociations entamées avec le Vietminh échouent rapidement et les accrochages opposant les indépendantistes aux troupes françaises se transforment en guerre ouverte à partir du mois de novembre 1946. Le 19 décembre, le parti communiste vietnamien lance une insurrection générale contre les Français à Hanoï. C’est le début d’un conflit qui ne s’achèvera qu’en 1954 avec les accords de Genève, la fin de l’Indochine française et la partition du Vietnam de part et d’autre du 17ème parallèle.
À diverses reprises, à partir de 1950, des parlementaires proposent la création d’une médaille qui « aurait pour objet d’honorer les combattants de ce conflit douloureux et particulièrement dangereux, qui [mêle] aux risques habituels des rencontres massives, les surprises des fronts mouvants et des incessantes embuscades sous les rigueurs d’un climat éprouvant ».
Attentif à ces arguments, le gouvernement crée par décret du 1er août 1953 la médaille commémorative de la campagne d’Indochine.
Elle peut être accordée aux militaires des trois armées ayant participé pendant 90 jours au moins dans une formation régulière ou supplétive de l’Union française à la campagne d’Indochine à compter du 16 août 1945.
Les personnels civils - français ou ressortissants de l'Union française ou des États associés - de la marine marchande et de l'aviation civile, embarqués sur des navires ou faisant partie de l'équipage des appareils de navigation aérienne, ayant assuré durant une période de 90 jours consécutifs ou non, des transports de troupe ou de matériel militaire à destination ou à l'intérieur de l'Indochine, peuvent prétendre au port de cette décoration.
Gravée par Louis Muller sur le modèle d’un dessin du général Carlier, directeur de la symbolique militaire, la médaille en bronze représente à l’avers un cartouche rectangulaire portant en relief l'inscription « Indochine », sommé de l'éléphant tricéphale et soutenu par un naja à sept têtes. En exergue, l'inscription « République française ».
Le revers porte l'inscription « Corps expéditionnaire français d'Extrême-Orient » dans une couronne ouverte de feuilles de chêne et de laurier.
La bélière est formée d’un dragon.
Le dessin de cette médaille fusionne le motif de l'éléphant tricéphale de l'Ordre laotien du million d'Éléphants et du Parasol blanc et le dragon de l'Ordre colonial du dragon d'Annam.
Le ruban composé de sept raies vertes et jaunes alternées et bordé de chaque côté d'un liséré vert rappelle le ruban des médailles commémoratives de l’expédition du Tonkin de 1885 et de Chine de 1900.
L’exemplaire présenté ici est une fabrication locale de cette médaille, réalisée par un artisan indochinois. Composé de deux flancs emboutis et soudés, le revers est simplifié et la médaille est accompagnée d’une barrette « Indochine » non-officielle.
Pour en savoir plus :
- Consultez les nombreuses ressources de notre page dédiée à la journée nationale de commémoration des morts pour la France en Indochine