L’Ordre de la Libération et la médaille de la Résistance

Dès 1942, le général de Gaulle envisage d’instaurer une décoration alternative à la croix de la Libération qu’il a créée en novembre 1940. La médaille de la Résistance française est instituée à Londres le 9 février 1943. "Destinée à reconnaître les actes remarquables de foi et de courage qui, en France, dans l’Empire et à l’Étranger, auront contribué à la Résistance du peuple français contre l’ennemi et contre ses complices depuis le 18 juin 1940", cette dernière ne reconnaît pas seulement les titres des résistants de l’intérieur ; elle récompense également le ralliement de troupes, navires, avions ou territoires à la France libre ainsi que les importants services rendus à la France combattante.

Alors qu’en métropole les Mouvements unis de Résistance viennent de se constituer et que le Parti communiste vient d’adhérer à la France combattante, la création de la médaille de la Résistance s’inscrit dans le processus de reconnaissance et d’unification de la Résistance, au moment où le chef des Français libres voit sa légitimité contestée par le général Giraud, soutenu en Algérie par les Américains.

La médaille de la Résistance française est donc née d’une triple nécessité. D’abord celle d’établir dans le champ de l’économie morale de la reconnaissance de l’État une nouvelle décoration devant témoigner, en récompensant ses meilleurs éléments, du combat inédit mené par la France combattante. Ensuite, celle d’ouvrir plus largement ce champ de la reconnaissance, au-delà de la croix de la Libération, dont l’attribution devait rester exceptionnelle. Et enfin de faciliter l’union des résistances intérieure et extérieure sous l’autorité du général de Gaulle. C’est d’ailleurs lui qui consacre le lien organique entre l’Ordre de la Libération et les médaillés de la Résistance française en conférant au premier le service des seconds.

Médaille de la Résistance française. © Musée de l’ordre de la Libération

La médaille de la Résistance, qui figure au 10e rang des décorations françaises, est, depuis le 1er avril 1947, accordée uniquement à titre posthume et selon des conditions très précises. À ce jour, 64 963 médailles ont été décernées (8,7 % à des femmes). Elle a également été conférée à 18 collectivités territoriales (17 communes de métropole et la Nouvelle-Calédonie), à 22 unités militaires et à 15 autres collectivités (lycées, hôpitaux, couvents, etc.).

L’Ordre de la Libération s’efforce depuis plusieurs années de mieux faire connaitre les médaillés de la Résistance dont quelques dizaines sont aujourd’hui encore en vie. En 2023, l’Ordre éditera une brochure historique, publiera un article scientifique à partir d’un échantillon de 2 000 médaillés, mettra progressivement en ligne sur son site Internet des parcours de médaillés et lancera une collecte nationale d’archives privées afin de renforcer les fonds documentaires nécessaires à l’étude des médaillés de la Résistance française. Autant d’initiatives visant à mettre en lumière ces hommes et ces femmes de l’ombre…