28 avril 2024 - Journée nationale du souvenir des victimes et héros de la Déportation
Des éléments de contextualisation
pour comprendre cette journée nationale
- La déportation, élément du système répressif nazi
Sitôt arrivés au pouvoir en janvier 1933, Adolf Hitler et les nazis créent les premiers camps de concentration en Allemagne, dont Dachau qui ouvre le 21 mars 1933. Y sont internés les opposants au régime, les « asociaux », tous ceux qui n’entrent pas dans les normes national-socialistes. Avec l’expansion allemande en Europe puis la Seconde Guerre mondiale, le système concentrationnaire prend une autre dimension. Les camps se multiplient, y compris dans les territoires annexés ou occupés : Mauthausen en Autriche, Auschwitz en Pologne, Natzweiler (Struthof) en France… Persécutés dès l’arrivée au pouvoir des Nazis, les Juifs sont dès 1941, et d’abord à l’Est, victimes d’une logique génocidaire.
Le nombre des déportés de France dans les camps de concentration ou lieux d’extermination nazis au cours de la Seconde Guerre mondiale est estimé à plus de 150 000 personnes, dont 80 000 victimes de mesures de répression (principalement des politiques et des résistants) et 75 000 juifs, victimes de mesures de persécution touchant également les Tsiganes. Au total, disparaissent plus de 100 000 déportés partis de France. 96% des Juifs déportés ne reviendront pas. Avec la libération des camps puis le retour des premiers survivants, le monde entier mesure l’ampleur de la déportation et de son horreur.
- La volonté de ne pas oublier
Pour maintenir présent le souvenir de leurs camarades morts en déportation, les associations de déportés créent des lieux de mémoire, comme le monument du souvenir de la synagogue rue de la Victoire à Paris (inauguré le 27 février 1949) ou la chapelle des déportés, en l’église Saint-Roch (inaugurée le 21 novembre 1953), autour desquels elles organisent des commémorations spécifiques. Des délégations d’anciens déportés sont d'autre part présentes aux côtés des anciens combattants dans les cérémonies officielles commémorant les Première et Seconde Guerres mondiales. Dès le début des années 1950, les anciens déportés et les familles de disparus expriment le souhait de voir inscrite, dans le calendrier des commémorations nationales, une date réservée au souvenir de la déportation. Le choix du dernier dimanche d’avril est retenu, en raison de la proximité avec l’anniversaire de la libération de la plupart des camps, sans se confondre avec aucune fête ou célébration, nationale ou religieuse, existante.
La loi n°54-415 du 14 avril 1954 consacre ainsi le dernier dimanche d’avril au souvenir des victimes de la déportation et morts dans les camps de concentration du IIIe Reich au cours de la guerre 1939-1945. Elle est adoptée à l’unanimité par le Parlement et fait de ce dimanche une journée de célébration nationale :
Article 1er : La République célèbre annuellement, le dernier dimanche d’avril, la commémoration des héros, victimes de la déportation dans les camps de concentration au cours de la guerre 1939-1945.
Article 2 : Le dernier dimanche d’avril devient « Journée nationale du souvenir des victimes et des héros de la déportation. » Des cérémonies officielles évoqueront le souvenir des souffrances et des tortures subies par les déportés dans les camps de concentration et rendront hommage au courage et à l’héroïsme de ceux et de celles qui en furent les victimes.
- La journée nationale de la déportation répond à deux exigences:
Tout d’abord, elle rappelle à tous ce drame historique majeur comme les leçons qui s’en dégagent. Selon les termes de l’exposé des motifs, pour que de tels faits ne se reproduisent plus, « il importe de ne pas laisser sombrer dans l’oubli les souvenirs et les enseignements d’une telle expérience, ni l’atroce et scientifique anéantissement de millions d’innocents, ni les gestes héroïques d’un grand nombre parmi cette masse humaine soumise aux tortures de la faim, du froid, de la vermine, de travaux épuisants et de sadiques représailles, non plus que la cruauté réfléchie des bourreaux. »
En second lieu, par cette célébration, la nation honore la mémoire de tous les déportés –y compris ceux victimes des déportations en Indochine du fait de l’impérialisme japonais- survivants ou disparus, pour rendre hommage à leur sacrifice.
- Un déroulement désormais bien établi:
Dans chaque département, son organisation incombe au préfet, en concertation avec les associations. Stèles, plaques et monuments sont fleuris, des allocutions sont prononcées et des enseignants sont généralement invités à profiter de l'occasion pour évoquer la déportation et le système concentrationnaire dans leurs cours.
A Paris, la cérémonie se déroule en trois temps, selon un schéma mis au point en 1985 et 1988. Un hommage est d’abord rendu au mémorial du martyr juif inconnu, puis au mémorial des martyrs de la Déportation. La commémoration se termine par le ravivage de la flamme à l’Arc de Triomphe.
Le calendrier et le programme des commémorations en France de la journée nationale du souvenir de la Déportation
Accédez à un ensemble de ressources pour documenter cette journée nationale
Des articles scientifiques portant sur la déportation
- 1945, l'horreur révélée, un dossier spécial paru dans la revue les Chemins de la mémoire n° 248
- La déportation, un article général sur le système concentrationnaire nazi
- Nacht und Nebel, destinés à disparaître sans laisser de traces, un article de Robert Steegman paru dans la revue les chemins de la mémoire n°131
- Les déportations de France, un article général sur la politique nazie de déportation depuis la France
- "Les enjeux de la création artistique dans les camps" et "La musique juive dans l'univers concentrationnaire", deux articles parus dans le numéro hors-série "Les lettres, les arts et la guerre" de la revue Les Chemins de la mémoire
Accueil des déportés à l'hôtel Lutetia à Paris. © FNDIRP
Des portraits et des biographies de résistants déportés
- "Le sourire d'Auschwitz": un webdocumentaire de Stéphanie Trouillard, journaliste à France 24, retrace le parcours tragique de Marie-Louise Moru, dite Lisette, jeune résistante bretonne déportée à 17 ans
- La Fondation de la Résistance vous permet d'accéder aux biographies de nombreux résistants, dont plusieurs déportés
- Un article et une photographie sur le musée de la Résistance en ligne évoquent le retour des déportés
Germaine Tillion, carte d'étudiante, 1934. © Association Germaine Tillion
Des enregistrements audio et vidéo pour entendre et voir les survivants
- La Fondation pour la mémoire de la Déportation a entrepris depuis 1992 le recueil de témoignages audiovisuels d'anciens déportés, classés par camp
- Le site Mémoire des déportations publie une carte interactive donnant accès à de nombreux témoignages enregistrés
- L'INA et la Fondation pour la mémoire de la Shoah vous proposent 110 témoignages filmés de rescapés du génocide: anciens déportés, enfants de déportés et enfants cachés, monitrices de maisons d’enfants, Justes et résistants.
Les 110 témoignages sont accompagnés des interventions de 5 "acteurs de la mémoire", Serge Klarsfeld, Annette Wieviorka, Pierre Truche, Claire Andrieu et Jacques Andréani qui mettent en perspective la parole des témoins
- Les Derniers - Des témoignages recueillis par Sophie Nahum qui présentent des survivants de la rafle du Vel' d'Hiv'
Une base de données pour mener des recherches sur les déportés
- Le site institutionnel Mémoire des hommes vous permet d'effectuer une recherche nominative parmi 111 858 noms issus des 147 510 dossiers individuels conservés à Caen par la Division des archives des victimes des conflits contemporains du Service historique de la Défense
- La Fondation pour la mémoire de la Déportation vous donne accès à son projet de livre-mémorial, dont le double objectif est de recenser tous les déportés partis de France dès lors qu'ils ont été arrêtés par mesure de répression (résistants, politiques, raflés, otages, et parfois droit commun), quelle que soit leur nationalité, et de présenter les listes de déportés par transports et par ordre chronologique avec, pour chacun d’eux, des informations concernant l’état civil, le parcours en déportation, le matricule au premier camp et le devenir
- Laurent Thiery, docteur en histoire et historien au centre d'histoire et de mémoire La Coupole d'Helfaut, présente le livre des 9000 déportés de France à Mittelbau-Dora
Des lieux de déportation et de mémoire
Le camp de concentration du Struthof :
- Rubrique "Petites histoires des lieux de mémoire" - La Libération du camp de concentration de Natzweiler-Struthof (25 novembre 1944)
Portail et Mémorial. ©CERD
Un HLMN : le mémorial des martyrs de la Déportation
- Ecoutez "Ce coeur qui haïssait la guerre", le poème de Robert Desnos gravé sur les murs du Mémorial, ici mis en voix par Eric Cénat, metteur en scène, comédien et fondateur de la compagnie Le Théâtre de l’Imprévu.
- Le mémorial dans la rubrique "Petites histoires des lieux de mémoire"
D'autres lieux de mémoire :
- La Maison d'Izieu, Mémorial des enfants juifs exterminés
- L’ancienne gare de déportation de Bobigny
- Le Mémorial de l’internement et de la déportation du camp de Royallieu à Compiègne - "Petites histoires des lieux de mémoire"
- Le Mémorial de la Shoah, à Paris et à Drancy
Rubrique "Petites histoires des lieux de mémoire" - Les graffiti du camp de Drancy
Vue générale des murs de béton ayant reçu des graffiti à la cité de la Muette, camp de Drancy. Drancy, 2009
© Région Ile-de-France - Inventaire général du patrimoine culturel ; © Conseil général de Seine-Saint-Denis
Des gravures illustrant le quotidien des déportés
Professeur de dessin au lycée de la Rochelle, Henri Gayot est arrêté comme Résistant et déporté au camp de Natzweiler-Struthof. A l’abri dans son block, il parvient à esquisser quelques croquis représentant la vie quotidienne au camp.
A son retour, Henri Gayot retravaille ses esquisses et fait graver ses dessins, aujourd'hui propriété du musée du CERD-Struthof