Chapitre : La Chine à la conquête de l’espace, des mers et des océans
« 15 octobre 2003 : un Chinois dans l’espace »
La Chine s‘est lancée en 1958 dans la construction d’une base de lancement spatial afin de rejoindre le club alors très fermé des puissances ayant réussi à envoyer des hommes dans l’espace. Le 15 octobre 2003 un taïkonaute envoyé sur une fusée Long March II parvient à atteindre son orbite et à revenir sur terre. La prouesse sera célébrée dans le monde entier.
Environnement régional et stratégique
- Françoise Thibaut, « De la Chine... », Revue militaire générale, 2018 - Valérie Niquet, « La Chine dans son environnement régional : entre volonté de stabilité et affirmation de puissance », Revue internationale et stratégique, 2019/3 (N° 115), p. 79-88
- Antoine Bondaz, « Rassurer le monde et lutter contre le séparatisme, quelques éléments d’analyse du nouveau livre blanc sur la défense chinoise », Note de la FRS n°13/2019, 24 juillet 2019
- « La politique chinoise à l'égard de Taïwan depuis les élections de 2016 » CDT HS Chine p.62
En 2016 est arrivé au pouvoir taïwanais Tsai Ing-Wen ainsi qu’une majorité parlementaire démocrate progressiste qui ne reconnaissent plus l’appartenance de Taïwan à la Chine. Celle-ci a proposé la formule « 1 pays, 2 systèmes » effective à Hong-Kong et a appliqué des mesures punitives sur l’économie taiwanaise notamment et a contrario finance les organisations « unificationnistes ».
- « Les aspects de la rivalité entre l’Inde et la Chine » CDT HS Chine p.76
Les 2 pays aspirent à un leadership régional, la Chine joue des prêts qu’elle octroie et que l’Inde ne peut concurrencer. L’Inde craint également une potentielle évolution militaire de l’actuel corridor économique sino-pakistanais. Enfin politiquement la Chine joue de l’Inde au Conseil de Sécurité dont l’Inde ne fait pas parti. Paradoxalement la Chine est le premier partenaire commercial de l’Inde.
- « Les disputes maritimes en mer de Chine orientale et la détérioration des relations nippo-chinoises » CDT HS Chine p.66
La vision géopolitique japonaise s’appuie en partie sur les notions de statu quo régional et d’ordre international libéral. La défense du statu quo hérité de la Seconde Guerre mondiale implique une administration non contestée des territoires sous souveraineté japonaise. La notion d’ordre international libéral renvoie à un discours sur les valeurs mis en avant par le Premier ministre japonais Shinzo Abe depuis son arrivée aux affaires en 2012 avec le respect du droit, notamment le droit de la mer et de la liberté de navigation.
Un cadre politique et économique prépondérant
- « Le discours de Xi Jinping au 19e congrès du PCC », CDT HS Chine p.6
La montée en puissance chinoise des deux dernières décennies pose la question de la Chine dans le monde : a-t-elle comme objectif de remettre l’ordre mondial libéral en question ? Désire-t-elle évincer les États-Unis du leadership mondial ? Est-elle une puissance révisionniste ou adepte du statu quo par rapport à l’ordre mondial existant ? La force de la Chine a jusqu’à présent été d’avancer sans paraître trop hégémonique, laissant le leadership à d’autres en progressant de façon latente et en renforçant ses positions. La Chine a pourtant bien l’intention de remodeler l’ordre mondial à son image.
- « Genèse et enjeux des nouvelles routes de la soie », CDT HS Chine p.10
Moins d’un an après son accession au pouvoir, Xi Jinping lance le projet multivectoriel des « Nouvelles Routes de la soie terrestres et maritimes » (Belt and Road Initiative – BRI) dont l’achèvement devrait voir le jour en 2049, centième anniversaire de la RPC. Ce projet est dans la continuité de la politique étrangère depuis le lancement des réformes par Deng Xiaoping en 1979. Lors du 19e congrès du PCC en octobre 2017, il est inscrit dans la Constitution, et marque l’articulation intense des impératifs de la politique intérieure et de politique étrangère.
- « La stratégie des routes de la soie : une sérieuse remise en question », CDT HS Chine p.12
Les projets chinois sur les « Routes de la soie » ont déferlé pour atteindre des engagements gigantesques de 240 milliards de dollars actuellement, à 60% dans les infrastructures lourdes (trains, routes, centrales électriques), dont 150 Md.$ en Afrique. Cette stratégie a beau être présentée par la Chine comme « gagnante-gagnante » et irrésistible pour les pays bénéficiaires, elle sert d’abord les grandes entreprises d’État chinoises. Un peu partout, les dénonciations politiques des dommages collatéraux des « Routes de la soie » placent aujourd’hui la Chine sur la défensive, ce qu’elle n’avait pas du tout prévu.
- Note du CERPA n°157 : Le soft power au service des intérêts chinois en Arctique.
Longtemps sanctuarisée, la région Arctique n’échappe plus au processus de mondialisation. Si les États riverains conservent un monopole sur cet espace foisonnant de potentialités, ils ne peuvent pas ignorer le rôle de la Chine, positionnée à la sortie de la route maritime arctique passant par Béring, véritable place forte du commerce maritime mondial. Ainsi, conscient de ses intérêts, Pékin entend occuper sa place dans la région.
Les aspects militaires de la puissance chinoise
Toutefois, Beijing conserve ses priorités sécuritaires historiques : assurer la domination du Parti ; empêcher une indépendance taïwanaise ; maintenir sa prééminence en mer de Chine de l'Est et du Sud, et contenir les litiges transfrontaliers. Malgré la rénovation de ses capacités et ses 2 millions de militaires professionnels, l'APL souffre de faiblesses avérées dans le domaine de la formation, de la planification opérationnelle, de la logistique, ainsi qu'en matière de C2. Celles-ci, conjuguées avec un manque d'expérience opérationnelle, permettent de mesurer tout le chemin qui reste à parcourir pour que l’APL atteigne les objectifs qui lui ont été fixés. Arthur Pouzet, « La modernisation en Chine : le cas des forces armées », Brennus 4.0, CDEC, 2019 - Chef de bataillon Frédéric Coras, « Chine : un dragon de papier ? », Cahier de la pensée mili-Terre, CDEC, 2018, URL : https://www.penseemiliterre.fr/chine-un-dragon-de-papier-_473_1013077.html L’armée de l’air chinoise
La Force aérienne de l’armée populaire de libération (FAAPL) est aujourd’hui considérée comme la troisième armée de l’air du monde, mettant en œuvre plus de 2 500 avions (hors drones et avions d’entraînement), dont 1 700 avions de combat. Si le niveau opérationnel de la FAAPL est difficile à estimer, il semble être bien en retrait par rapport à celui des armées de l’air japonaise ou occidentales.
Dans un environnement de plus en plus contesté, la Chine nourrit de larges ambitions en termes capacitaires et stratégiques, notamment dans le domaine des drones. En effet, elle se trouve confrontée à plusieurs enjeux stratégiques qu’elle considère comme majeurs. En effet, elle se trouve confrontée à plusieurs enjeux stratégiques qu’elle considère majeurs. La Chine a fait de grandes avancées dans la conception, la fabrication et l’utilisation de drones aériens au sein de ses forces. Toutefois elle demeure en retard sur le développement de certaines techniques clés dans ce domaine.
La PLAAF semble occuper désormais un rôle prépondérant dans la stratégie militaire chinoise, en témoigne la nomination, en 2017, de l’ancien chef d’état-major de l’armée de l’air chinoise, le général Xu Qiliang, au poste de 1er vice-président de la Commission militaire centrale et la hausse de 14 % des recrutements dans les académies militaires qui sont liées à l’armée de l’air chinoise. Parallèlement, son parc aérien est passé de « 5 000 avions obsolètes en 1990 à 1 600 appareils modernes ou modernisés aujourd’hui »3. Toutefois, ses lacunes capacitaires, en termes de ravitaillement en vol ou les limitations techniques comme les liaisons radio, l’empêchent de répondre véritablement à sa volonté d’action dans la profondeur comme à l’exigence d’interarmisation. La marine chinoiseChef d’escadrons Pierre Sandrin, « La Chine, nouvelle puissance maritime (militaire et commerciale) », Cahiers de la pensée mili-Terre, CDEC, 2019
Les marines de guerre en Asie connaissent depuis deux décennies une forte croissance, en parallèle d’une hausse du trafic maritime. Parmi ces flottes de combat, celle de la Chine tient la place la plus importante, reflet de sa puissance stratégique et économique aux ambitions mondiales. Depuis 1980, Pékin a opéré un revirement majeur, celui de la modernisation de sa marine et d’une politique maritime en partie inspirée des thèses de Mahan. Cependant, la question de l’opérationnalité et des capacités chinoises dans un contexte de guerre demeure.
La volonté chinoise de s’imposer en tant que grande puissance face aux États-Unis dans le Pacifique est rendue crédible par l’accroissement de capacités toujours plus sophistiquées (J-20, missiles balistiques Dongfeng). Elles pourraient, à terme, participer à l’effectivité de la stratégie d’interdiction chinoise visant à protéger ses intérêts stratégiques en mer de Chine. L’espace
Le 1er janvier 2016, les autorités chinoises annonçaient la création de la Force des fusées de l’armée populaire de libération (APL). Elle devenait à cette occasion un corps à part entière de l’armée (au côté des forces marines, aériennes et terrestres), se voyant notamment dotée d’un drapeau et d’un uniforme dédiés.
Le 1er janvier 2016, les autorités chinoises annonçaient la création de la Force des fusées de l’armée populaire de libération (APL). Elle devenait à cette occasion un corps à part entière de l’armée (au côté des forces marines, aériennes et terrestres), se voyant notamment dotée d’un drapeau et d’un uniforme dédiés.
Au-delà des prouesses techniques annoncées, la Chine souhaite s’inscrire dans des programmes coopératifs. L’Europe s’intéresse de plus près à Pékin et des discussions autour du projet Moon Village3, qui ferait de la Lune un pôle de recherche, d’exploitation minière et une base de lancement pour les missions d’exploration de l’espace et de Mars, ont ainsi débuté fin 2017. Afin de concurrencer des groupes tels que SpaceX, des partenariats seraient aussi prévus avec des acteurs privés nationaux et étrangers pour diversifier et pour multiplier les sources de financement du programme spatial selon le Livre blanc chinois.
Comme l’ensemble des satellites Shi Jian, le SJ-17 préoccupe les pays occidentaux qui le soupçonnent de pouvoir capturer d’autres satellites en toute discrétion, afin de les désorbiter ou d’altérer leurs capacités d’alerte. Pékin se rapproche de Washington en développant des appareils similaires au satellite d’écoute Nemesis et à la plateforme d’inspection XSS3. Plus généralement, la Chine développe un arsenal spatial complet. La mise en service de la fusée Longue Marche 5 laisse penser que des satellites dotés de laser à très haute puissance pourraient être bientôt placés en orbite. Le cyber
Avec plus de 800 millions d’internautes, la Chine s’organise pour assurer les moyens de sa puissance et sa souveraineté dans l’espace numérique. Alors qu’elle avait initialement adopté une position défensive face aux accusations de cyberespionnage des États-Unis et plutôt réservée dans les forums multilatéraux, la Chine s’est dotée sous la présidence de Xi Jinping d’une cyber diplomatie active.
L’observation par la République Populaire de Chine (RPC) de l’opération Desert Storm en 1991 fut le point de départ d’un renouveau doctrinal dans l’Armée populaire de libération (APL). En effet, c’est à l’occasion de la première guerre du Golfe que les États-Unis ont démontré leur capacité de mener une guerre électronique en rompant les communications de l’armée irakienne. Les Chinois ont ainsi pu mesurer leur retard dans ces techniques et sont parvenus à se hisser en quelques années au rang de cyberpuissance.
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