Dominique Larrey
Jean-Dominique Larrey (8 juillet 1766 : Baudéan - 25 juillet 1842 : Lyon)
Dominique Larrey est une figure incontournable de l'histoire de la médecine militaire. "Providence des soldats", il est le chirurgien aux 800 opérations lors de la bataille d'Eylau , le créateur des ambulances mobiles.
Né à Baudéan, près de Bagnère-sur-Bigorre, en 1766, dans une famille pyrénéenne protestante, Dominique Larrey est la figure de proue des champs de bataille napoléoniens. Il étudie la médecine à l'Hôpital Lagrave de Toulouse, auprès de son oncle, Alexis Larrey, correspondant de l'Académie Royale de Chirurgie. Il soutient à vingt-ans une thèse sur la carie de l'os puis part pour Paris où son oncle l'a recommandé à Desault, chirurgien de l'Hôtel-Dieu. Il intègre l'École de chirurgie navale de Brest, y apprenant les rudiments de la chirurgie précoce qu'il appliquera sur la frégate La Vigilante."
En 1791, préparant le concours de chirurgien gagnant-maîtrise, il travaille à l'Hôtel national des Invalides sous la protection de Sabatier.
En 1792, il est engagé dans l'armée du Rhin et la suit dans sa campagne d'Allemagne. La bataille de Spire, en septembre 1792, lui permet d'appliquer les principes de la chirurgie navale. Il brave l'interdiction interdisant aux officiers de santé, sur terre, de se tenir à moins d'une lieue des combats et à attendre leur fin pour secourir les blessés.
Il décide alors de remédier à la mauvaise organisation du service de la Santé en créant à Mayence, en 1793, un cours de perfectionnement destiné à ses collègues. À l'Armée du Rhin, le baron chirurgien François Percy crée des ambulances légères, petits caissons sur roues permettant de transporter non seulement des infirmiers mais aussi des civières démontables et pliables.
De retour à Paris, Larrey, son second, imagine d'autres "ambulances volantes", caisses suspendues destinées au transport des blessés, qui permettraient d'enlever les soldats invalides du champ de bataille afin "d'opérer dans les vingt-quatre heures". Jusque-là, les blessés sont abandonnés plusieurs jours sur le champ de bataille, parmi les cadavres, et finalement ramassés par les paysans.
En 1796, Larrey est nommé professeur de chirurgie à l'Hôpital d'Instruction du Val-de-Grâce récemment créé. Homme de terrain, il prend part aux campagnes de la Révolution, du Consulat et de l'Empire. Il fonde l'Ecole de Chirurgie du Caire.
Chirurgien en chef de la Garde consulaire (1800), docteur général du Service de la santé, chirurgien en chef de la Grande Armée, Larrey parcourt l'Europe : en Allemagne, en Espagne, en Autriche. Lors de la bataille d'Eylau (8 février 1807) il pratique huit cent opérations en trois jours. Napoléon Ier lui offre alors son épée, et ne tarde pas à le nommer Commandeur de la Légion d'Honneur. Il est fait baron après Wagram (1809).
Sa pratique de l'amputation a permis de sauver près de trois-quarts des blessés et a évité la propagation du tétanos. Sa présence continue sur les routes et les champs de batailles lui valurent le surnom de "Providence des soldats" lors de la retraite de Russie (1812). L'Empereur, qui écrira à son sujet que c'est "l'homme le plus vertueux que j'aie connu", lui lèguera 100.000 francs.
En 1813, à Lutzen-Bautzen, Dominique Larrey pratique la première expertise médico-légale.
Blessé et fait prisonnier à Waterloo, sur le point d'être fusillé, il est sauvé par un officier prussien, Blücher, dont il avait jadis soigné le fils.
Libéré à la paix, il est inquiété sous la Restauration, mais reçoit finalement confirmation de son titre de baron en 1815. Il est membre de la première promotion de l'Académie de Médecine en 1820, membre de l'Institut en 1829.
Dominique Larrey est mort à Lyon, au retour d'une inspection en Algérie, en 1842, âgé de 76 ans.