Joséphine Baker
< Joséphine Baker en 1948.
Sur décision du Président de la République, Joséphine Baker est entrée au Panthéon le 30 novembre 2021. Née américaine, artiste de music-hall, engagée dans la Résistance, militante antiraciste, elle fut de tous les combats. Incarnant l'engagement des femmes dans la lutte menée par la France Libre, elle a reçu les honneurs de la patrie.
Retrouvez une exposition consacrée à la personnalité de Joséphine Baker sur le site du musée de la Résistance en ligne
Née le 3 juin 1906 de Carrie McDonald et de Eddie Carson, elle grandit dans les quartiers pauvres de Saint-Louis (Missouri). A l'âge de 13 ans, elle quitte le foyer familial et devient serveuse. Elle débute comme danseuse dans de petites troupes, puis elle rejoint la troupe The Jones Family Bound qui se produit de Washington à Saint Louis. A 18 ans, elle s'établit à New-York, où elle participe à plusieurs productions dont les folies bergères et à la Revue Nègre.
En 1925, sa troupe se produit à Paris au Théâtre des Champs-Elysées. La jeune artiste conquiert rapidement le public parisien où la mode du jazz fait rage. Danseuse de cabaret, elle interprète un tableau baptisé "la danse sauvage". Un an plus tard, elle mène les revues aux Folies-Bergère. Elle y danse, vêtue de sa fameuse ceinture de bananes, et commence à chanter. C'est en 1930, au Casino de Paris, où sa revue succède à celle de Mistinguett, qu'elle interprète "J'ai deux amours". En Europe elle accumule les succès : elle est nommée reine de l'Exposition coloniale en 1931, joue dans "Zouzou" avec Jean Gabin et dans "Princesse Tamtam", se produit au Casino de Paris dans "Si j'étais blanche" et monte en 1934, "La Créole", une opérette d'Offenbach.
L'année suivante, Joséphine Baker, de retour aux États-Unis présente son spectacle devant un public très mitigé. Elle regagne la France où, en 1937, elle épouse un français et devient citoyenne française.
À la déclaration de guerre, elle peut se produire encore aux Folies-Bergère et au Casino de Paris aux côtés de Maurice Chevalier. Fidèle à son pays d'adoption, Joséphine Baker s'engage dans la Résistance, travaillant pour les services de renseignements de la France Libre avec le grade de sous-lieutenant de l'armée de l'Air, corps auxiliaire féminin. C'est Daniel Marouani qui propose à Jacques Abtey, chef du contre-espionnage militaire à Paris, de l'engager. Ainsi, durant la drôle de guerre (septembre 1939 et mai 1940) Josephine Baker recueille des informations sur l'emplacement des troupes allemandes auprès des officiels qu'elle rencontre dans des soirées. A la même époque, elle se produit sur la Ligne Maginot pour remonter le moral des troupes. Mais, à partir de l'été 1940, la Ligne Maginot franchie et suite aux lois racistes du gouvernement de Vichy, elle est interdite de scène. Sensée partir en tournée au Portugal et en Amérique du Sud, en compagnie d'Abtey, elle apporte au Portugal des renseignements écrits à l'encre sympathique sur ses partitions. Elle remonte "La Créole" afin de pouvoir reprendre contact avec Paillole à Marseille avant de rejoindre Abtey au Portugal alors pays neutre, puis de partir pour l'Afrique du Nord. En partant pour le Maroc, elle aide Solmsen, producteur de cinéma d'origine allemande, et son ami Fritz à quitter la France.
Installée à Marrakech, elle cultive les relations politiques : Moulay Larbi el-Alaoui, le cousin du sultan, et Si Mohammed Menebhi, son beau-frère, fils de l'ex-grand-vizir, et Si Thami el-Glaoui, le pacha de Marrakech. A partir de 1943, Joséphine Baker devient une véritable ambassadrice de la France Libre. Au printemps, elle entreprend une vaste tournée au Maghreb, en Egypte et au Machrek. A cette occasion, elle devient officiellement sous-lieutenant des troupes féminines auxiliaires de l'armée de l'air française. Cette activité de résistante de Josephine est rendue publique dès 1949 par un ouvrage de Jacques Abtey, La Guerre secrète de Joséphine Baker, accompagné d'une lettre du général de Gaulle.
La reconnaissance officielle est acquise le 18 août 1961 : le général Valin lui remet les insignes de la Légion d'honneur, ainsi que la Croix de Guerre avec palme.
Remariée à Jo Bouillon, elle s'investit dans la défense des droits civils et vient en aide aux victimes de guerre, enchaînant les galas de bienfaisance. Son activité caritative prend le pas sur sa carrière dont elle se retire en 1949. Elle achète un château, à Milandes, dans le Périgord est se met à adopter des enfants orphelins.
Prise dans des difficultés financières, elle recommence les tournées mondiales sur une scène où le cabaret ne fait plus autant recette. Son acharnement la mène à nouveau en 1975 sur la scène de Bobino pour un spectacle retraçant sa carrière. Un succès de courte durée cependant, elle décède suite à un malaise, quatre jours après la première.
Sources : Abtey J., 2e Bureau contre Abwehr, Paris, La Table Ronde, 1966 - Abtey J., La Guerre secrète de Josephine Baker, Paris, Siboney, 1949
Bilé S., Noirs dans les camps nazis, Editions du Serpent à Plumes, 2005
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