La France combattante
La Résistance intérieure et le général de Gaulle partagent le même postulat : la guerre n'est pas terminée pour la France. Pour établir des liaisons avec les résistants, le chef de la France libre crée deux organismes : le Bureau central de renseignement et d'action (BCRA) dirigé par le colonel Passy et le Commissariat national à l'Intérieur (CNI) dont les fonctions sont d'ordre plus politique.
Par l'intermédiaire d'agents en mission, dont Jean Moulin, et en utilisant le passage à Londres de membres de la Résistance intérieure (Christian Pineau, Pierre Brossolette, André Philip, Emmanuel d'Astier de la Vigerie), les relations se font plus étroites entre les deux Résistances. Pressé par Christian Pineau, l'un des fondateurs du Mouvement Libération-Nord, de Gaulle s'était décidé à s'expliquer. Il rédige une Déclaration à l'intention des Mouvements, dans laquelle il expose ce que sont, à ses yeux, "les buts de guerre du peuple français" : rétablissement de la souveraineté nationale et des "libertés intérieures", élection d'une "Assemblée nationale" qui, après la libération, "décidera souverainement des destinées du pays", important programme de réformes économiques et sociales, mise en place d'un "système international" rénové dans lequel la France occupera la "place éminente qui lui est assignée par sa valeur et par son génie". Cette déclaration de la fin du mois d'avril 1942 est emportée en France par Pineau, puis largement diffusée par la presse clandestine en juin et juillet. Elle joue un rôle important dans le processus de reconnaissance de l'autorité du général de Gaulle sur la Résistance intérieure.
À la mi-juillet 1942, la "France Libre" devient la "France Combattante" symbolisant l'union de l'ensemble des Français en lutte contre Vichy et contre l'Occupant. Mais dans les faits, l'unification des Résistances intérieure et extérieure ne se réalise qu'au cours de l'année 1943, grâce à l'action décisive de Jean Moulin.
Si l'unification des Mouvements de la Résistance de Zone sud est réalisée le 26 janvier 1943 au sein des Mouvements unis de Résistance (MUR), il fallait obtenir le ralliement des Mouvements de Zone nord. En février 1943, Moulin se voit confier la mission de créer un organisme fédérateur des Résistances. C'est chose faite lorsque le 27 mai 1943, se réunit à Paris pour la première fois un Conseil de la Résistance (il deviendra le CNR). Il regroupe huit Mouvements, six partis politiques et deux organisations syndicales ouvrières. Ils reconnaissent officiellement la primauté politique du général de Gaulle.