Parmi les soldats français, reposent notamment la dépouille du Révérend Père Pierre Compagnon (Tombe 328), ancien missionnaire au Japon et directeur du Séminaire des Missions Étrangères. Dégagé de toute obligation militaire, il s’engage pour la durée de la guerre au sein du 8e régiment d’artillerie de campagne. Aumônier volontaire, il se dévoue auprès des blessés et à l’ensemble des hommes de son unité. Cité à l'ordre du Corps d'Armée, du 31 mai 1915, il est décoré de la Médaille militaire (mai 1915). Après avoir été grièvement blessé au Mesnil-lès-Hurlus, il meurt le 21 septembre 1915 à l’âge de 56 ans.
Les combats en Champagne - 1914-1918
Après la contre-offensive franco-britannique de septembre 1914 sur la Marne et l’échec des manœuvres de débordement de la "Course à la Mer", la guerre de mouvement disparaît sur le front ouest. Pour se protéger du feu de l'artillerie, les belligérants s’enterrent. C’est le début de la guerre de position.
Au cours de l’hiver 1915, le général Joffre lance, en Champagne différents assauts qui se brisent contre les tranchées allemandes. Ces opérations de "grignotage", localisées notamment dans les secteurs de Souain, de Perthes, de Beauséjour et de Massiges, sont particulièrement meurtrières. Sans résultat, le front reste figé.
Au cours de l'été, pour rompre le front et soutenir les Russes en difficulté sur le front oriental, Joffre décide de mener une nouvelle offensive. L’effort principal, appuyé par une autre action en Artois, se déploie dans la grande plaine aride et crayeuse de la Champagne pouilleuse. Long de 25 km, le front s'étend entre Aubérive et Ville-sur-Tourbe. En face, les Allemands sont installés dans de solides tranchées. Plus en retrait, située à contre-pente se trouve une seconde position dissimulée des observations aériennes et hors de portée de l’artillerie.
Après une préparation d'artillerie de trois jours, l'attaque est déclenchée le 25 septembre. Les Français enlèvent les premières lignes à l’exception de celles situées notamment sur la butte du Mesnil. A l'est du dispositif, la division coloniale s'empare de "La Main de Massiges", point clé du dispositif allemand. Mais, cet élan se brise sur la deuxième position encore intacte. Les troupes s'épuisent et doivent faire face à de puissantes contre-attaques. Au cours de ces assauts, les deux armées ont perdu 138 000 hommes. En novembre, les conditions climatiques difficiles et l'importance des pertes obligent Joffre à renoncer à conduire de nouvelles attaques. Le front retrouve un calme relatif.
L'offensive allemande de juillet 1918 replace ce front au cœur des opérations. Mais engageant la totalité de ses forces de la Meuse à la mer du Nord, le maréchal Foch, fort du soutien croissant des Américains, déploie à l'automne une large manœuvre. Pour la région de Reims, l’armée du général Gouraud s’empare successivement de Navarin, Tahure et de Sommepy. Dans le secteur de Minaucourt, le Mont-Têtu et Le Mesnil sont enlevés par les Français qui franchissent la Dormoise et marchent vers les Ardennes jusqu'en novembre 1918.
Aujourd'hui, la région de Suippes, au travers des vestiges de villages de Perthes, Hurlus, Mesnil, Tahure et Ripont mais aussi de dix-huit nécropoles, conserve le souvenir de ces combats acharnés. Pour la seule commune de Souain, on recense trois autres cimetières militaires. L'impressionnant monument-ossuaire de la ferme de Navarin rassemble 10 000 corps de soldats non identifiés et préserve le souvenir des combattants français, américains, polonais, russes et tchécoslovaques qui ont participé aux opérations sur le front de Champagne.