Le centre du patrimoine arménien
Situé au cœur du centre ancien de Valence, près du quartier où de nombreux Arméniens se sont installés dans les années 1920, Le Cpa ne passe pas inaperçu. Sa façade aux entrelacs rosés a comme un parfum d’Orient. Installé à l’origine dans un espace de 450 m2, Le Cpa se déploie, depuis 2018, sur près de 1100 m2, invitant à poser un autre regard sur les conflits, les migrations contemporaines et les peuples en exil.
La dentelle de pierre aux motifs entrelacés s’inspire des khatchkars, ces croix sculptées dans la pierre, emblématiques du patrimoine arménien. Ce motif revisite leur finesse dans un esprit contemporain, dans une quête d’universel.
© Le Cpa / Chrystèle Roveda
Des origines à aujourd’hui
À la fin des années 1990, des Valentinois descendants des rescapés du génocide expriment auprès de la municipalité le besoin de conserver et de partager leur histoire. Un comité scientifique pluridisciplinaire est constitué afin de penser les contenus scientifiques et le concept du Cpa à venir. À mesure qu’il s’écrit, le projet prend une dimension plus ambitieuse, invitant, à partir de l’exemple de la trajectoire des Arméniens, à une réflexion plus large sur l’exil, les migrations, les génocides, l’intégration, la diversité culturelle, etc. Dès son origine, Le Cpa s’est positionné comme un lieu permettant d’apprendre, d’échanger, de débattre.
La première décennie du Cpa a permis de présenter nombre d’expositions temporaires et d’accueillir de grands noms de la photographie contemporaine, de recevoir plus de 150 intervenants et près de 25 000 élèves. L’agrandissement et la rénovation du Cpa ont été l’occasion de conforter l’équipement dans ses orientations et de confirmer l’intérêt de ses missions. Le Cpa rouvre ses portes le 15 septembre 2018, autour d’expositions temporaires plus ambitieuses.
Le label Ethnopôle, décerné par le ministère de la Culture en février 2018, a renforcé la place des sciences sociales dans le projet du Cpa. Cette reconnaissance nationale a favorisé le développement de nouveaux projets plus ambitieux, et permis la constitution d’un conseil scientifique et le développement de projets de recherche-création.
Le parcours de visite permanent
Il s’agit du cœur du Cpa, à partir duquel se déploient les questions portées par l’équipement. Actualisé lui aussi en 2018, ce parcours de visite invite les publics à la découverte de l’histoire du peuple arménien, à travers une mise en scène immersive et sensible. Conçue à partir du recueil d’objets et d’archives familiales auprès d’habitants du territoire, cette exposition permet de saisir plus largement les défis relevés par les survivants du génocide, contraints à l’exil et en quête d’une nouvelle terre d’accueil.
L’œuvre du sculpteur Michka Anceau Migrations accompagne les visiteurs vers le début de la visite du parcours permanent et inscrit l’histoire des réfugiés arméniens dans celle des migrations humaines.
© Eric Caillet
Cheminant sur les pas des Arméniens venus de l’Empire ottoman, les visiteurs découvrent l’histoire, la vie et la culture des populations arméniennes avant la diaspora. Le génocide est évoqué à travers des témoignes et remis dans le contexte des conflits du XXe siècle. Puis s’ensuivent l’apatridie, l’exil et l’arrivée dans la Drôme. L’exposition se termine sur les problématiques de l’intégration, et sur les conditions qui ont favorisé le maintien d’une arménité en exil. La figure de Missak Manouchian est évoquée, rappelant le rôle important des étrangers pendant la guerre.
Portraits de personnes immigrées dans la Drôme dans les années 1920.
© Eric Caillet
Un lieu de transmission pour tous les publics
Enfants et adolescents sont accueillis tout au long de l’année et invités à découvrir de manière interactive les thématiques du centre, à se confronter à des questions de société telles que l’altérité, le « vivre ensemble », la lutte contre les discriminations et le racisme. La mémoire du génocide arménien et sa transmission permettent de connecter l’histoire du territoire avec l’histoire des migrations et la géopolitique.
Un auditorium d’une centaine de places permet également, depuis 2018, d’accueillir des intervenants de renom, mais également des concerts, de petites formes théâtrales, des contes, etc. Des audioguides, supports de visite multilingues, dispositifs multimédias... représentent également une diversité d’outils permettant d’appréhender les espaces et les thématiques du Cpa.
Véritable centre d’interprétation, Le Cpa donne ainsi en partage à travers sa programmation des questionnements inédits sur les sujets qu’il aborde, avec pour ambition de stimuler l’envie de comprendre notre monde dans son présent et son devenir. En 2024, toute une programmation sera dédiée à Missak Manouchian dans le cadre de sa panthéonisation, ainsi qu’une exposition inédite créée à cette occasion.
Élèves de collège participant à un atelier sur le génocide des Arméniens
© Le Cpa/Jean Delmarty