L’insigne du Commando 20 du lieutenant Bonnafous
© Photo M. Rey, collection privée.
Le Commando 20 a été créé le 15 novembre 1951, succédant à la compagnie de commandos supplétifs du 8e GSAP. Directement destiné au théâtre indochinois, le commando s’illustra tout particulièrement dans les secteurs d’Haïphong et de Ninh Binh. Le Commando 20 a connu trois modèles d’insignes différents, dont le dernier ici présenté a été réalisé à la demande du lieutenant Robert Bonnafous entre juillet 1953 et janvier 1954. Fabriqué par Drago, il représente un poignard sur une étoile jaune et un bûcher, et porte la devise « Ab ferre et ab igne » (« Par le fer et par le feu »).
Ancien résistant du maquis de Bir Hakeim, le lieutenant Bonnafous n’a que 26 ans lorsqu’il arrive en Indochine et prend le commandement du Commando 20, en juillet 1953. A la tête de ses hommes, dont une bonne partie de supplétifs, il part dès le mois d’août, dans le secteur d’Haïphong pour l’opération « Claude » puis rejoindra la Dinassaut 4 dans le cadre des opérations « Brochet » qui allaient se dérouler sur le canal des Bambous. Appuyés par les bâtiments de la Marine lourdement armés, les commandos du « 20 » connurent leur première mission d’envergure en débarquant dans les villages du canal, délogeant l’ennemi et capturant plusieurs responsables politiques et militaires.
L’histoire du Commando 20 rythmée par les raids et les combats de contre-insurrection pris un tournant tragique dans la nuit du 20 au 21 janvier 1954 : réveillés par les tirs provenant du poste de Gian Khau, le lieutenant Bonnafous et ses hommes postés à Ninh Binh furent à leur tour attaqués. Après avoir passé la nuit à repousser les assauts ennemis, ils reçurent l’ordre de porter secours à la position de Gian Khau qui continuait de résister aux attaques vietminh. Les 111 commandos furent pris en embuscade et au bout de quatre heures de combat, à bout de munitions, le Commando 20 fût détruit : 24 tués, le reste capturé et envoyé dans les camps de l’enfer. Beaucoup mourront de leurs blessures et des mauvais traitements infligés dans les camps.
Le lieutenant Bonnafous tentera à plusieurs reprises de s’évader mais sera envoyé au camp de rééducation n°5 où il restera interné jusqu’à sa libération. Sur les 36 prisonniers du Corps Expéditionnaire Français envoyés au camp n°5, seuls six reviendront vivants. Le lieutenant, qui mesurait 1,86 m, pesait 41 kg à sa sortie.
Quelques mois après son retour en France, Robert Bonnafous fût affecté au 1er régiment de chasseurs parachutistes. Il rejoindra l’aviation légère de l’armée de Terre en 1956 et participera aux combats de la guerre d’Algérie. Ses faits d’armes exceptionnels en tant que pilote de Piper (son avion sera abattu lors d’une mission de reconnaissance) puis pilote d’hélicoptère Bell pour l’évacuation des blessés marqueront sa carrière déjà chargée, avec 2 071 missions de guerre. Après avoir commandé le 3e régiment d’infanterie de Nîmes, il quitta le service actif en 1980.
Le colonel Bonnafous est décédé le 4 février 2007, dans l’Hérault.