Naissance et évolution d’une politique mémorielle en France
C’est au lendemain de la guerre de 1870, dont nous avons récemment commémoré le 150e anniversaire, que naît l’obligation pour l’État d’entretenir les sépultures de guerre des soldats tombés au combat. Depuis lors, l’action mémorielle n’a cessé d’évoluer dans ses objectifs et dans sa forme, en lien avec l’ensemble des partenaires (publics, privés, associatifs) impliqués.
En 1882, Ernest Renan s’interroge dans une célèbre conférence sur ce qu’est une nation. Cette question, aujourd’hui reprise par les historiens, résonne dans la société et renvoie au thème complexe de l’identité. Pour Renan, une nation est "une âme, un principe spirituel", un "legs de souvenirs" et un "désir de vivre ensemble", définition que l’on a coutume d’opposer à celle du monde germanique fondée sur la langue, la religion et le sang. Cependant, pour que cette réalité devienne tangible et compréhensible, elle doit s’incarner dans une politique mémorielle donnant des repères et valeurs aux citoyens. Or toute politique mémorielle s’appuie sur un rituel civil et étatique qui "couronne et refonde la communauté politique" (P. Ory). Ce rituel est en France la commémoration au sens de "se souvenir ensemble" qui peut devenir une célébration au sens d’honorer et fêter positivement. Avec tous ses acteurs, la Révolution Française en a fait un instrument d’éducation civique unique au monde, quand le titre premier de la constitution de 1791 rappelait que "des fêtes publiques entretiendront la fraternité entre les citoyens et les attacheront aux lois et à la patrie". Depuis, cet élan ne s’est jamais démenti, notamment autour du 14 juillet et de la célébration des grands hommes, comme le montrent les débats actuels sur le "Haut comité aux célébrations nationales" dissous en 2018 et remplacé en 2021 par le "Service des anniversaires et commémorations historiques" de France Mémoire adossé à l’Institut de France.
Mais la question se complexifie quand il s’agit de la mémoire de guerre d’autant que les commémorations de conflits représentent les trois quarts des quinze fêtes et journées nationales françaises. De plus, en France, cette politique mémorielle et commémorative est largement fondée sur le souvenir des conflits franco-allemands, du moins jusque dans les années soixante. Nous tenterons donc de comprendre l’origine de cette spécificité qui entend faire de la mémoire de guerre une pratique civique, didactique et exemplaire. Puis nous verrons son évolution et ses mutations à l’aune de l’Europe et de la mutation des conflits contemporains.
Commémorer une défaite : le paradoxe de la naissance d’une politique mémorielle
Tout commence au lendemain de la cinglante défaite de 1870, double traumatisme d’une déroute militaire et de l’écroulement du régime impérial. Jusqu’à la victoire électorale des républicains en 1877, la France hésite entre plusieurs régimes qui tous posent la question de son identité, de sa mémoire et de son existence comme nation. Mais il faut attendre la République, confortée par les lois constitutionnelles de 1875, pour voir naître une politique mémorielle de guerre destinée à cimenter la nation et à républicaniser en profondeur le pays.
Guerre de 1870. Inauguration d’un monument élevé à la mémoire des soldats français, sous l’occupation allemande. Noisseville (Moselle) 1908.
© Maurice-Louis Branger/Roger-Viollet
Or, pendant longtemps, la mémoire des conflits s’est résumée à celle des souverains/généraux victorieux (Louis XV pour Fontenoy ou Desaix pour Marengo) qui sont loin d’incarner toute la nation dont les soldats sont systématiquement oubliés dans les fosses communes. Si les choses changent avec la Révolution et le mythe de Valmy, devenu marqueur de "la nation en armes", c’est avec le Second Empire que se pose la question d’une mémoire commémorative de guerre.
Dès la guerre de Crimée (1853-1856), des petits monuments aux morts s’élèvent en effet, notamment dans les Landes, pour commémorer la victoire impériale. Mais c’est la guerre de 1870, conflit proto-industriel qui traumatise le pays avec l’occupation, la perte des "Provinces perdues" et le nombre important de victimes, environ 140 000, qui provoque une mutation de la mémoire de guerre. Car le conflit concerne la nation entière, et non les seuls engagés, avec le phénomène des francs-tireurs et des volontaires. Dès lors, comment "se souvenir ensemble" d’une défaite et "faire nation" ? Après quelques avancées comme la loi de 1873 sur les sépultures, la Troisième République décide d’instrumentaliser la mémoire de cette guerre pour républicaniser le pays. Pour cela, elle crée un rituel civique avec ses desservants (les associations de combattants, la Ligue des patriotes, l’État, les enseignants, les bataillons scolaires de Paul Bert), ses temples (les monuments aux morts, les statues), ses chantres (Victor Hugo, Paul Déroulède) et sa liturgie (les inaugurations de monuments, y compris le 14 juillet, les discours et revues, les programmes et fêtes de batailles ou de régiments) pour incarner cette Revanche qu’elle seule peut mener à bien. En liant Revanche, mémoire sacrificielle, héroïsme, amour de la patrie et République, le régime entend s’imposer tout en créant un roman national vertueux et mobilisateur.
Le pays se couvre donc de monuments départementaux et régimentaires dédiés aux combattants anonymes qui ne possèdent pas encore de plaque d’identification. Et, chose extraordinaire, c’est autour d’une défaite, forcément glorieuse (voir les livres d’histoire scolaires de Lavisse et la peinture avec La maison de la dernière cartouche) et justifiant le sacrifice futur, que la population s’unit pendant que la République s’affirme seule capable de récupérer les provinces perdues.
Chaque inauguration de monument de 1870 devient une leçon civique pour apprendre que « mourir pour la patrie est le sort le plus doux » et que seule l’union autour du régime permettra la mythique Revanche. L’école (programmes, leçons de morale, "dictées patriotiques"), l’État (les discours, les décorations) et la société ne cessent de l’évoquer avec les jeux pour enfants (le "Jeu d’assaut"), les associations d’anciens combattants (la "Patriote", "Vercingétorix"), le Souvenir français créé en 1887, la presse nationaliste (le Gaulois), les chants revanchards (Le clairon de Déroulède), la médaille de 1870 créée en 1911 et la culture populaire (les chansons de Villemer, les images d’Épinal). Une pratique mémorielle se met en place autour des inaugurations de monuments et fêtes régimentaires qui attirent toujours plus. Le rituel est bien huilé avec des matinées officielles, des hymnes datant de la Révolution (La Marseillaise, le Chant du départ), la présence de l’Église, les sonneries de clairon, les discours officiels et banquets, puis l’après-midi les cortèges de sociétés, les couronnes au monument, les défilés et revues, voire les feux d’artifice sur fond d’illuminations, parfois de jeux et toujours de drapeaux tricolores. Quant aux monuments, ils inaugurent une symbolique et des archétypes (les "Moblots", la mère éplorée, l’enfant/avenir, l’Aigle impérial foulé aux pieds, les armes) annonçant ceux des conflits suivants. Comme dit un général marseillais à l’inauguration du monument à la Revanche de 1900 : "vous amènerez vos enfants comme au pèlerinage devant ce chef d’oeuvre. […] C’est ainsi que l’on prépare les jeunes coeurs […] en vue de l’heure suprême" de la reconquête civique et patriotique. La guerre et le dévouement des Poilus prouve alors par l’absurde la force de ce sentiment patriotique forgé par les commémorations et la politique mémorielle républicaine.
L’impulsion du 11 Novembre : la consolidation d’un rituel mémoriel signifiant
La victoire de 1918 rebat les cartes de la politique mémorielle en général et de celle de guerre en particulier. En effet, le calendrier commémoratif illustre la prégnance du dernier conflit puisqu’avant même la création du 11 Novembre, la République fonde en 1920 une seconde célébration officielle s’ajoutant au 14 Juillet, la "fête nationale de Jeanne d’Arc et du patriotisme" incarné alors par la "Sainte de la Patrie" de Jules Michelet, chargée de réconcilier État et Église dans une mémoire combattante glorieuse.
Le cercueil du Soldat inconnu hissé sur un canon 155 sous l’Arc de Triomphe lors des cérémonies du 11 novembre 1920 à Paris.
© Excelsior-L’Équipe/Roger-Viollet
Car la guerre et la victoire deviennent l’obsession mémorielle d’un pays saigné à blanc, dont un cinquième des soldats sont morts ou disparus et un quart de la classe 1914 a péri au combat. Comme dit Clemenceau en annonçant la victoire au Parlement : "grâces leur (nos morts) soient rendues : ni eux, ni leurs familles ne seront oubliés et, si cela est en mon pouvoir, il faudra qu’un jour de commémoration soit institué en leur honneur dans la République française". Pendant les quatre années d’après-guerre, la France se déchire alors sur la date commémorant 1914-1918, non sans construire les outils nécessaires à l’entretien d’une mémoire de guerre spécifique.
Les premiers porteurs de la mémoire de guerre sont les associations d’Anciens combattants qui prennent le relais de celles de 1870. Elles apparaissent très tôt, en plein conflit, dès 1915 avec l’Association générale des mutilés de la guerre, avant de fleurir dans tout le pays et de tenir congrès en 1917 à Paris. De toutes catégories sociales, de toutes régions, religions et couleurs politiques (ARAC communisant contre UNC de droite), elles sont reconnues d’utilité publique et rassemblent environ trois millions de personnes dans les années vingt. Elles sont les premières à entretenir la mémoire de la Grande Guerre et deviennent un lobby puissant qui pousse à la création d’une fête nationale honorant sobrement le sacrifice et la mémoire de tous les soldats souvent qualifiés de "camarades". Tel n’est pas tout à fait la volonté de l’État qui crée les récompenses nécessaires à un culte mémoriel d’une victoire plus positif, démonstratif et classique. Il émet pour cela la Croix de guerre (1915), la nouvelle mention de "mort pour la France" (1915 puis 1916), la Médaille commémorative de la guerre (1920) et bien sûr la Flamme du soldat inconnu à l’Arc de triomphe (1920 et 1923). Tous ces matériaux portent l’idée d’une commémoration vantant classiquement la République triomphante autant, voire plus, que les soldats sacrifiés.
Les associations dûment médaillées se retrouvent devant les 36 000 monuments aux morts communaux, ornés à présent des noms des défunts, qui couvrent le pays en cinq ans et sont quatre fois plus nombreux si on leur ajoute les monuments religieux, administratifs, professionnels, scolaires ou associatifs. Ils reprennent une partie des codes iconographiques de 1870, le Poilu remplaçant le Moblot, avec souvent le coq gaulois, l’Aigle vaincu, la Marianne et l’enfant et/ou la mère en pleurs (monument de l’ancien brancardier Dardé à Lodève) et non plus revanchards. Dédiés "à nos enfants, morts pour la France" et souvent tragiques (le monument Les fantômes de Landowski à la butte Chalmont), ils deviennent la mémoire de guerre quotidienne visible de tous. Honorés à leurs inaugurations, ils sont l’épicentre du 11 Novembre, "fête de la victoire et de la paix" fériée et chômée créée en octobre 1922.
Anniversaire de l’Armistice à l’Étoile, 11 novembre 1923. © Agence Rol/BNF
Autour d’eux un rituel civique se met en place avec la minute de silence, "forme laïcisée de prière" (A. Prost), les défilés de sociétés et d’Anciens combattants, les sonneries aux morts, l’appel aux morts, les messes dans une République pourtant laïque, les enfants des écoles qui doivent comprendre l’absurdité de la guerre, les gerbes de fleurs et chants civiques. Ils imposent la vision mémorielle des combattants d’une commémoration sobre du sacrifice et de la douleur, véritable leçon civique pour détester la guerre. La vision étatique et républicaine d’une célébration glorieuse et plus pompeuse de la victoire cède alors la place au recueillement silencieux, sans discours autres que ceux des soldats qui militent "pour la fête de la paix et non de la guerre" (Journal des Mutilés de 1922). Il n’est plus question de Revanche à présent, mais bien de faire de la mémoire de guerre un outil de préservation de la Paix et de la réconciliation, y compris avec les Allemands. Toute la France communie dans ce nouveau culte mémoriel, même si chaque faction politique interprète selon son idéologie les messages doloristes des anciens Poilus.
Cette mémoire est largement diffusée dans les écoles, où le 11 Novembre est aussi bien célébré que le 14 juillet de la remise des prix, notamment par les instituteurs qui ont payé un lourd prix à la guerre et se tournent vers le pacifisme. Cette mémoire souffrante qui submerge toute la société est aussi véhiculée par la fête de Jeanne d’Arc, mais par des célébrations locales de guerre (serment de Verdun, 1936) où trônent les veuves et orphelins chargés d’égrener la liste des morts au combat. Même au 14 Juillet, les associations de combattants et mutilés sont en bonne place pour montrer que la guerre est une horreur et que 14-18 fut la "Der des Der".
Tout change avec la Seconde Guerre mondiale dont la mémoire écrase vite le paysage mémoriel, avant que la mutation des conflits et l’arrivée au pouvoir de nouvelles générations ne fassent évoluer la mémoire de guerre française.
Mutations et élargissement de la mémoire de guerre après 1945
Dès la fin de l’Occupation, la question de la nouvelle mémoire de guerre se pose, alors que la génération des anciens Poilus est encore nombreuse. Or sa mémoire est vite éclipsée par celle de la terrible Seconde Guerre mondiale, conflit doublé d’une politique génocidaire, qui voit l’image du Résistant s’imposer au détriment du soldat vaincu de 1940.
La mémoire de guerre française s’élargit alors à travers de nouvelles célébrations portées par de nouvelles associations. En huit ans, de 1946 à 1954, le culte mémoriel des résistants victorieux s’affirme par de grandioses monuments (Chasseneuil-sur-Bonnieure en 1945, cascade du Bois de Boulogne en 1946, Vassieux-en-Vercors en 1948) et des noms de rues (rues Jean Moulin, de Gaulle mais aussi Casanova ou Albrecht).
Cérémonie du 18 juin 1960, inauguration du mémorial de la France combattante, Mont-Valérien. © Musée de l’Ordre de la Libération
En plein résistancialisme, il est étayé par la cérémonie très gaulliste du Mont Valérien (1960) et devient la mémoire positive de la guerre, au détriment de celle des soldats de 40 privés de monuments et simplement ajoutés sur les édifices de 1914-18. Soutenue par des programmes scolaires valorisant la seule Résistance et faisant l’impasse sur Vichy, par de nombreuses associations (FNDIRP- Fédération nationale des Déportés Internés patriotes) et leur presse (le Patriote résistant), sans oublier les médaillés (Médaille de la résistance française, 1943), cette nouvelle mémoire est complétée par la "fête de la victoire" du 8 Mai (lois de 1946, 1951,1953 et 1981), mais aussi la "Journée nationale du souvenir des victimes et des héros de la déportation" (1954) qui élargit la mémoire résistante à celle des camps.
Face à ce déferlement mémoriel, le souvenir de la Grande Guerre s’estompe malgré le 11 Novembre, d’autant qu’au début du XXIe siècle, d’autres conflits et mémoires, notamment de défaites, s’agrègent à cette mémoire de guerre. Il s’agit de la mémoire des guerres coloniales perdues (Journée nationale d’Indochine en 2005 et Journée de la guerre d’Algérie -et du Maghreb- avec le monument du quai Branly en 2002 et les lois de 2003 et 2012) et surtout de celle du génocide juif après le discours du Vél d’Hiv du président Chirac en 1995 (loi de 2000 sur le souvenir de la participation de Vichy à la Shoah dont l’historiographique est en plein renouveau). Malgré cela, la France continue de magnifier la seule mémoire des Résistants ("Journée nationale du 18 juin" en 2006 et "Journée de la Résistance" en 2014) au point de continuer d’oublier les hommes de juin 1940, hormis les héros comme de Gaulle et malgré la présence du président Macron à Montcornet en 2020.
Cérémonie de commémoration des combats de Montcornet et de la Bataille de France. Dizy-le-Gros et La-Ville-aux-Bois-les-Dizy, 17 mai 2020, Aisne.
© Soazig de la Moissonniere/Présidence de la République
Mais aujourd’hui la question de la mémoire de guerre est plus complexe encore. En effet, depuis la suspension du service national en 1996, la notion de "peuple en arme" uni par la conscription a vécu, alors que les conflits changent de nature et de contexte international avec le rôle de l’ONU. Dès lors, la mémoire de guerre française ne peut se comprendre que dans le cadre multilatéral et européen, comme le montre la réforme du 11 Novembre en 2012. En devenant la commémoration de "tous les morts pour la France", passés, présents et même à venir, le nouvel anniversaire de l’armistice acte la minoration de la mémoire de la Grande Guerre où les Poilus sont à présent davantage vus comme des victimes que comme des héros agissants, frères de leurs camarades allemands soumis aux mêmes horreurs. Il accélère surtout l’apparition de la mémoire des OPEX (Opérations extérieures), seules guerres actuelles menées par la France par une armée de métier et non plus de citoyens en armes, parfois sous commandement onusien ou européen, alors que le 8 Mai a été remis en cause (par de Gaulle, puis Giscard, avant que Mitterrand ne le rétablisse comme jour férié en 1981). Ainsi, un monument aux morts pour la France en OPEX est-il créé (2019, Paris) pour honorer les nouvelles "générations du feu" et fonder une nouvelle mémoire de guerre, y compris le 11 Novembre, dans laquelle la coopération avec d’autres pays européens, dont l’Allemagne, devient primordiale et change la nature de la réflexion nationale et mémorielle française.
Inauguration du Monument aux Morts en OPEX par le président de la République, parc André Citroën, Paris, 11 novembre 2019.
© Philippe Servent/Présidence de la République
En France, si la politique mémorielle est largement fondée sur la mémoire commémorative des conflits, elle reste une pédagogie civique pour "faire nation". Impulsée par l’État, adossée à des entrepreneurs de mémoire associatifs, scolaires et phaléristiques, elle a beaucoup évolué et presque changé de nature depuis sa création après la défaite de 1870, dont la commémoration souda le pays derrière la République. Si son rituel est largement fixé par la mémoire de la Grande Guerre, marquée du sceau de la mémoire souffrante des Poilus/héros, ses représentations (poids du second conflit mondial) et finalités sont à présent multiples car les guerres ont changé (guerres coloniales, mémoire de la Shoah, fin de la conscription) autant que le regard sur les soldats (les Poilus uniquement victimes, rôle des Résistants, nouvelles tutelles et regards sur Vichy). La mémoire de guerre française actuelle s’est donc complexifiée et ne peut à présent se faire sans l’Union européenne, dans laquelle le rapport à l’Allemagne est fondamental. Elle reste une pédagogie civique structurant la nation, à présent attachée à l’union entre démocraties et à la paix dans un monde toujours plus périlleux.