La nécropole nationale de Saint-Hilaire-le-Grand
Inscrite au patrimoine mondial
Nécropole nationale de Saint-Hilaire-le-Grand. © ECPAD
Pour accéder au panneau d'information de la nécropole, cliquer ici
Située au lieu-dit l'Espérance, la nécropole nationale de Saint-Hilaire-le-Grand regroupe les dépouilles de soldats russes engagés en Champagne. 915 corps y sont enterrés dont 426 reposent en ossuaire. Parmi ces combattants, est également inhumée la dépouille de Wladimir Reksine, officier russe au 23e régiment de marche des volontaires étrangers (RMVE), mort pour la France le 8 juin 1940 à Saconin-et-Breuil (Aisne). Dans son recueil de nouvelles, Solitude de la pitié, Jean Giono rappelle le souvenir de son ami Yvan Kossiakoff dont la dépouille repose au sein de cette nécropole nationale (tombe 372). Selon lui, ce combattant aurait été fusillé en juillet 1917 au camp de Chalons. Mais, il n’est pas attesté que des soldats russes aient été exécutés à cette période. Selon toute vraisemblance, Jean Giono aurait donc imaginé cette exécution en référence au soulèvement russe de La Courtine (Creuse).
Les batailles de Champagne, 1914-1918
En dépit du sursaut allié de septembre 1914 sur la Marne et malgré les tentatives de débordement, le mouvement disparaît sur le front ouest. Chacun des belligérants s’enterre, c’est le début de la guerre de position.
Tout au long de l'année 1915, le général français Joffre lance en Champagne différentes offensives. Malgré l'emploi croissant d'effectifs et d'artillerie, ces actions toujours plus meurtrières ne peuvent rompre les lignes ennemies. En 1916, malgré quelques actions limitées, le front de Champagne connaît un calme relatif. En 1917 d'importants combats se déroulent sur les Monts de Champagne.
En juillet 1918, ce front est au cœur des enjeux. Les Allemands, après de violentes offensives, menacent d'y percer définitivement le front allié. Appuyée par les Américains, la 4e armée française enlève de nombreuses positions notamment dans le secteur de Navarin et à Sommepy. Poursuivant leur effort en direction de Mézières et de Sedan, les Français progressent rapidement vers les Ardennes. Sur un front de 400 km, les alliés entament la poursuite, talonnant l’ennemi jusqu’au 11 novembre 1918.
Le corps expéditionnaire russe
Après un accord avec la France, le gouvernement russe impérial met sur pied quatre brigades d'infanterie de 44 000 hommes. Deux d'entre elles débarquent à Salonique pour se battre sur le front d'Orient, jusqu'à leur dissolution en janvier 1918.
La 1re brigade du général Lokhviski arrive, au printemps 1916, à Marseille, Brest et La Rochelle pour gagner le camp de Mailly. Tandis que certains Russes défilent, le 14 juillet 1916, d’autres rejoignent le secteur d'Aubérive. Débarquée à l’été, la 3e brigade relève, en octobre, ces éléments jusqu'au début de 1917. Rattachée à la 5e armée française, ces deux brigades prennent part à l'offensive Nivelle. Au matin du 16 avril, elles attaquent les positions allemandes situées au nord-est de Reims et se distinguent notamment lors de la prise de Courcy. Le 20, elles sont relevées par des unités françaises. Les pertes sont importantes.
Devant l'échec général de l'offensive, de vives tensions ébranlent les troupes françaises et n’ont pas épargné le corps expéditionnaire russe qui, depuis la révolution de février 1917, est marqué par les événements de Russie et l'abdication du tsar Nicolas II. Les tensions sont vives parmi les soldats, opposés politiquement. D'abord évacués sur le camp de Neufchâteau, ces hommes sont transférés, en juillet 1917, vers celui de La Courtine. En septembre, des soldats russes se mutinent contre leurs officiers et exigent, du gouvernement provisoire, leur retour. Ce mouvement est réprimé avec la plus grande fermeté. Les deux brigades sont dissoutes.
En novembre 1917, les soldats russes les plus engagés sont internés sur l’île d’Aix. Les autres peuvent rallier l'armée française ou se porter volontaire comme travailleur militaire. La majorité choisit cette option. Parmi eux, se trouve Rodion Malinovski qui s’illustre, au cours de la Seconde Guerre mondiale, lors de la bataille de Stalingrad. Refusant l’une ou l’autre de ces propositions, 1 300 réfractaires sont expédiés en Algérie. En 1919, tous ces hommes regagnent Odessa.
La nécropole de Saint-Hilaire-le-Grand, un site majeur pour la mémoire du corps expéditionnaire russe
Créé en 1916, ce cimetière militaire rassemble plus d'une centaine de tombes. Après la guerre, cette nécropole devient le cimetière de regroupement des sépultures russes. De 1922 à 1934, près de 750 corps, inhumés initialement à Châlons-sur-Vesle, Sézanne, y sont enterrés en tombes individuelles ou en ossuaire. En 1957, 1960 et 1972, une dizaine d'autres corps sont transférés dont six proviennent de Forbach. En 1988, 35 autres corps exhumés du cimetière communal de Charleville y sont ensevelis.
Le 16 mai 1937, l'association des officiers anciens combattants sur le front français, fondée en 1923, inaugure, avec les Anciens de la Division marocaine, une chapelle commémorative dédiée aux 4 000 soldats russes tombés en France et à Salonique. Érigée aux abords de la nécropole, cette chapelle est réalisée par l'architecte Albert Benoît dans le style orthodoxe. Au sein de cette nécropole nationale, est érigé un monument dédié au souvenir des fantassins russes du 2e régiment spécial.
Infos pratiques
51600
Saint-Hilaire-le-Grand
Visites libres toute l’année