Raymond Poincaré
Raymond, Nicolas, Landry Poincaré, de vieille souche lorraine, est né le 20 avril 1860, à Bar-le-Duc. Après des études secondaires à Bar-le-Duc et à Paris, licencié en droit ainsi qu'en lettres, il s'inscrit comme avocat au barreau de Paris en 1880, obtient son doctorat en droit et devient chroniqueur judiciaire au Voltaire, quotidien radical dirigé par Jules Laffitte.
En 1886, à 26 ans, il fait ses débuts dans le monde politique comme chef de cabinet de Jules Develle, ministre de l'Agriculture, et est élu conseiller général de la Meuse puis, l'année suivante, député de ce département. Se spécialisant dans les questions financières, il est rapporteur général du budget en 1890 et accepte, en 1893, le portefeuille de l'Instruction publique et des Beaux-Arts dans le ministère Dupuy, son premier ministère.
En 1894, il devient ministre des Finances puis reprend, pour une courte période, le portefeuille de l'Instruction publique et des Beaux-Arts avec, cette fois-ci, la direction des Cultes, dans le cabinet Ribot, en 1895. Après la chute de ce dernier, il décline l'offre de Jules Méline lui proposant les Finances dans le nouveau gouvernement. Tout en constituant un cabinet juridique rapidement renommé, il poursuit ses activités parlementaires et devient vice-président de la Chambre.
Sénateur de la Meuse de 1903 à 1913, il accepte, en 1906, le portefeuille des Finances dans le cabinet Sarrien. Il est élu à l'Académie française en 1909.
Président du Conseil et ministre des Affaires étrangères en janvier 1912, après l'affaire d'Agadir opposant l'Allemagne et la France au Maroc, il est partisan d'une restauration du pouvoir exécutif face à l'Assemblée, d'un État libéral mais fort et s'attache à régler les problèmes de politique extérieure. Le 30 mars, il signe avec le sultan du Maroc le traité de protectorat. Son souhait est par ailleurs de resserrer les liens de la France avec la Grande-Bretagne et la Russie. À cet effet, un accord d'assistance navale est négocié avec la Grande-Bretagne tandis qu'il se rend en Russie ranimer l'alliance en août.
"Républicain laïque", homme d'ordre, il est élu Président de la République le 17 janvier 1913. Face à une guerre qui semble se profiler, il fait voter la loi militaire des trois ans en août et, sur le plan extérieur, renforce les alliances, entreprenant un second voyage en Russie en juillet 1914. Le conflit déclaré, sa tâche essentielle est de gagner la guerre. Pour cela, il faut mobiliser toutes les énergies, rassembler toutes les bonnes volontés, qu'elles soient de gauche ou de droite, en un mot faire "l'Union sacrée". Successivement, le gouvernement sera dirigé par Viviani, Briand, Ribot, Painlevé, sans que le succès des armes puisse cependant s'affirmer. Les difficultés militaires et politiques se multiplient : défaite française au Chemin des Dames, mutineries sur le front, réveil des tensions sociales et fin de l'Union sacrée. Faisant taire ses sentiments personnels, Poincaré fait appel à son ennemi politique, Clemenceau, qui devient Président du Conseil le 16 novembre 1917. En 1918, c'est la victoire et le retour de l'Alsace-Lorraine à la France.
Redevenu sénateur de la Meuse après l'achèvement de son septennat, il est président de la commission des réparations de février à mai 1920 puis est à nouveau nommé Président du Conseil et ministre des Affaires étrangères en 1922. Partisan de l'exécution intégrale du traité de Versailles, il fait, malgré la réticence des Alliés, occuper la Ruhr par les troupes du général Degoutte, le 11 janvier 1923, l'Allemagne tardant dans le paiement des réparations. Le résultat des élections législatives, donnant la majorité au "Cartel des gauches", l'oblige à donner sa démission en juin 1924.
Rappelé le 23 juillet 1926 pour tenter de redresser une situation financière catastrophique, il rétablit immédiatement la confiance et réussit à stabiliser le franc. Absorbé par les problèmes monétaires, il laisse le domaine des Affaires étrangères à Briand qui choisit une autre politique, celle de l'accommodement avec l'Allemagne.
Malade, Poincaré démissionne en juillet 1929 et se consacre à la poursuite de la rédaction de ses Mémoires, Au service de la France (1926-1933).
Il s'éteint le 15 octobre 1934. Après des obsèques nationales célébrées à Paris, il est inhumé à Nubécourt.