Un porte-plume en bois réalisé par Isaac Schoenberg, arrêté lors de la rafle « du billet vert »
Porte-plume en bois réalisé par Isaac Schoenberg dans le camp de Pithiviers. Passionné de musique, il grave au verso quelques notes de la Symphonie n°6 « Pastorale » de Beethoven. © Cercil_Mémorial de la Shoah\Coll. Serge Klarsfeld. Photographie de Géraldine Aresteanu
La rafle dite « du billet vert » a lieu le 14 mai 1941 à Paris. Elle tire son nom de la convocation reçue par les 3700 juifs arrêtés ce jour-là. Ces derniers étaient invités à se présenter « pour examen de situation ». Persuadés qu’il s’agissait d’une simple formalité, ils seront finalement arrêtés, puis transférés et internés dans le Loiret, à Pithiviers et Beaune-la-Rolande.
Isaac Schoenberg, né à Colmar en 1907 et alors artiste à Paris, fait partie de ces juifs arrêtés le 14 mai 1941. « Il n’était ni Allemand, ni Polonais, apatride d’origine polonaise. Il était aussi pauvre que doué artistiquement, il était timide dans sa vie civile et cela se reflète dans sa vie de prisonnier » (Serge Klarsfeld).
Il vit l’enfermement, la promiscuité avec ses co-détenus et la séparation avec celle qui était sa fiancée depuis deux ans, Chana Ziberman, jeune immigrée polonaise, comme un « cauchemar ». Trop fragile physiquement pour travailler dans les fermes et les usines alentour, Isaac passe une grande partie de ses journées à écrire à « Ma Khanouchi ». Chana recevra ainsi plus de 140 lettres, la plupart en yiddish, sorties clandestinement du camp.
A Pithiviers, il dessine et sculpte. Les internés commandent à Isaac des dessins et gravures qu’ils envoient à leurs proches. En échange, Isaac obtient de ses camarades de quoi améliorer un peu le quotidien. « Je grave en ce moment des cannes et dernièrement des bateaux. En général, je prends cinq francs pour un travail de vingt à trente minutes, mais souvent je me fais payer en pain ».
L’objet présenté ici est une des œuvres d’Isaac Schoenberg.
Il est déporté vers Auschwitz le 25 juin 1942, comme la plupart de ses camarades arrêtés lors de la rafle « du billet vert ». Il y périt le 5 août 1942 à l’âge de 35 ans.
Chana échappe à la déportation et deviendra, après-guerre, peintre en souvenir d’Isaac.
En 1992, Serge Klarsfeld confie au Cercil des lettres, des dessins et des objets qu’Isaac Schoenberg a destinés à sa fiancée Chana depuis le camp de Pithiviers. Une cinquantaine a été publiée en 1995 aux Editions du Cercil.
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