Des inscriptions de soldats des antipodes dans le sous-sol arrageois
Qu’est-ce qui relie le célèbre réalisateur Peter Jackson, Tamaiti Williams de l’équipe des All Blacks, un coquillage et la ville d’Arras ? Vous trouverez la réponse à cette question en visitant la Carrière Wellington.
A Arras, il n’est pas rare de rencontrer des Néo-Zélandais venus de l’autre bout du monde pour suivre les traces de leurs ancêtres engagés dans l’armée britannique au cours de la Première Guerre mondiale.
Plantons le décor : Afin de préparer la bataille d’Arras, une diversion préparée par les Français pour faciliter leur offensive sur le Chemin des Dames, il est demandé à l’armée britannique de réaménager d’anciennes carrières de craie en lieu de vie. L’entreprise est confiée à la compagnie des tunneliers néo-zélandais dès le début du mois d’octobre 1916.
La tâche étant colossale, des soldats d’autres bataillons viennent parfois en renfort : c’est le cas de 43 Maoris, détachés du New Zealand Pioneer Battalion.
Ces travaux - les plus importants jamais réalisés par l’Armée britannique - nécessitent six mois de travail dans le sous-sol arrageois.
Au cours de ce dur labeur, il n’est pas rare que certains soldats laissent une inscription gravée sur une paroi de craie.
Richard Heperi et son inscription
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Ainsi, sur le parcours de visite aménagé dans la Carrière Wellington, il est possible de découvrir des noms tels que Patrick Shannahan, Thomas Collins ou encore Albert Blackwell… Pour la plupart mineurs, ils ont répondu à l’appel lancé par le gouvernement néo-zélandais afin de constituer une compagnie de tunnelier. Plus loin, ce sont des noms maoris qui surgissent de l’obscurité des carrières : Toi Karini, Angene ou encore Isaac Salomon.
Si la plupart de ces inscriptions ne sont pas visibles du public, il leur est cependant possible de croiser le regard de leurs auteurs. 185 portraits accueillent les visiteurs. C’est le cas de Tamaiti Williams, joueur de l’illustre équipe des All Blacks, qui a découvert en aout 2023 le portrait de son arrière-arrière-grand-père, Richard Heperi, l’un des 43 Maoris présents dans les carrières début 1917.
Peter Jackson, célèbre réalisateur de la trilogie "le Seigneur des Anneaux ", a la surprise de se retrouver face au portrait de Thomas Patrick Walsh, le grand-oncle de son épouse Fran Walsh. Il ne lui en faut pas plus pour refaire trois fois le voyage dans la capitale de l’Artois.
Chaque année, à la même date, à la même heure, une cérémonie commémorative organisée devant le mémorial de la Bataille d’Arras à la Carrière Wellington rassemble Anglais, Écossais, Gallois, Irlandais, Canadiens, Sud-Africain, Indiens, Australiens, Français… et bien entendu nos fameux Néo-Zélandais.
A l’occasion de ces visites et de ces événements, les descendants de ces valeureux soldats échangent, partagent, évoquent la vie de leurs ancêtres. Tous reconnaissent l’importance du travail réalisé par les tunneliers afin de concevoir un havre de paix souterrain.
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Certains souvenirs sont présentés dans les vitrines de l’exposition aménagée dans l’espace accueil de la Carrière Wellington. C’est le cas d’un étrange coquillage de type Chicoreus ramosus répandu dans le Pacifique, qui fut retrouvé au pied d’une paroi gravée au nom d’un des soldats maoris. L’avait-il transporté avec ces affaires personnelles depuis l’une des îles du Pacifique ?
Ce partage de souvenir est à l’origine des "Mémoires de la Bataille d’Arras ", où chaque histoire de soldat est enregistrée. Ce travail de mémoire permet la réalisation d’expositions telles que "Regards de la Bataille d’Arras " dévoilée lors du centenaire en 2017. 120 visages de soldats étaient présentés dans les rues d’Arras, rappelant que cette ville fut un carrefour international et multiculturel pendant la Première Guerre mondiale.
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