Le mémorial du Mont Faron
A la lecture de la "Notice sur l’Origine du nom de la Montagne de Faron"[1] on découvre l’histoire et l’étymologie du mot faron. Son orthographe est définitivement fixée durant la première partie du XIXe siècle, il succède à pharon mot qui désignait à la période médiévale des "points des montagnes où étaient établis des vigies et se transmettant les signaux au moyen de feu".
Les archives font également mention d’un terme plus ancien pour le nommer : le mont Bada. D’origine latine et celti-ligurienne, il existe toujours dans la langue italienne sous la forme du verbe badare. Il se traduit par aviser ou protéger. Finalement, la localisation et les fonctions du mémorial prennent sens à la lecture de ces informations. Il est localisé au lieu idéal pour éclairer et protéger, à notre échelle, la mémoire et l’histoire du débarquement et de la libération en Provence. Construite entre 1842 et 1845 la Tour Beaumont, est située sur le massif forestier du Mont Faron, elle est intégrée au système défensif du mont afin de surveiller et protéger la ville et la rade. Équipée d’une batterie en 1875, la tour sera abandonnée puis désaffectée après la Première Guerre mondiale. Inauguré en 1959, pour la mise en service du téléphérique, le Musée municipale des Libérateurs de Toulon consacré à Napoléon Bonaparte et au général de Lattre de Tassigny. En 1963, Jean Sainteny, ministre des Anciens Combattants, propose ce site comme lieu de création du Mémorial du débarquement et la libération en Provence.
Vue sur la rade de Toulon - Le mémorial du Mont Faron - Période 1964-1970
©Carte postale - Collection des Archives municipales de Toulon
Le 4 décembre 1963, Maurice Arreckx, Maire de Toulon, est officiellement informé du projet du mémorial et de son implantation. Ainsi, la tour Beaumont - accompagnée d’un périmètre d’un hectare - est cédée par le ministère de la Marine au ministère des Anciens Combattants. la Ville de Toulon, consciente de l’intérêt historique, concède gratuitement une parcelle de 2 720 m². Le projet est mené par les architectes Pierre Pascalet et François Carpentier, aidés dans leur mission par le Comité du Mémorial. Le site est inauguré par le général de Gaulle le 15 août 1964 dans le cadre des cérémonies du 20e anniversaire du débarquement. C’est la création d’un site dédié au récit mémoriel relatant la participation des troupes françaises lors du débarquement et la libération du Sud de la France et de ses deux ports historiques Toulon et Marseille. Le Général de Gaulle rappelant ainsi en 1964 que ce fait historique a lourdement contribué à redonner à la France une place dans le concert des nations d’après-guerre.
Tour Beaumont
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2014 demeure l’année majeure de son évolution, la Tour Beaumont est ainsi inscrite en totalité au titre des monuments historiques. À l’occasion d’une allocution pour le 70e anniversaire du débarquement, le Président François Hollande annonce la complète rénovation du mémorial ainsi que sa future dénomination : le Mémorial du débarquement et de la libération en Provence (MDLP). Le mémorial présente les enjeux stratégiques et le déroulé historique de l’opération "Dragoon", qui se déroule du 15 au 28 août 1944, soit du débarquement sur les plages varoises aux libérations conjointes de la rade toulonnaise et de la ville de Marseille. Devenu Haut Lieux de la Mémoire Nationale (HLMN) en mars 2017, sa muséographie interactive permet de retracer les différentes étapes du débarquement et de ses conséquences, à travers des objets, des archives, des films et des témoignages. Par ce parcours, Les forces en présence et actives de cette période sont identifiées : la Résistance, les forces alliées et surtout l’armée B de Lattre de Tassigny. Ce travail de mémoire permet ainsi de rappeler qu’elle a été le bras armé de la volonté du Général de Gaulle de participer activement à la libération de la France. Une armée "monde" constituée en majorité de soldats provenant de l’empire colonial, symbole de diversité et consciente de son importance, de ses valeurs de fraternité et de son engagement pour la liberté.
[1] Notice sur l’Origine du nom de la Montagne de Faron, D.M.J. Henry, 1849, 4 pages.