La nécropole nationale de Cutting
L'Espérance - Inscrite au patrimoine mondial
Nécropole nationale de Cutting. © ECPAD
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La nécropole nationale de Cutting dite L’Espérance, regroupe les restes mortels de soldats morts pour la France lors des combats de Dieuze en août 1914. Créé en 1914, au terme de ces combats meurtriers, ce cimetière est réaménagé successivement de 1920 à 1924, puis en 1934 et enfin en 1967. Aujourd’hui, cette nécropole réunit les corps de 813 Français dont la majorité (540 au total) repose dans deux tombes collectives. Parmi ces combattants, repose le corps du général Diou, commandant la 63e brigade d’infanterie. Blessé grièvement au bois de Muhwald, il décède à Dieuze. Son corps repose dans une tombe individuelle devant un monument érigé après la guerre afin de rappeler le sacrifice des 15e et 16e corps d’armée en août 1914. Le corps du colonel Arbanère, du 53e régiment d’infanterie (RI), décédé le 20 août 1914 y est également inhumé.
La nécropole de L’Espérance est typique des cimetières militaires du début de la Première Guerre mondiale, et du traitement de la mort par les autorités militaires françaises. En effet, à cette époque, les officiers sont généralement enterrés en tombes individuelles, alors que les hommes de troupe sont inhumés en fosse collective. Le recours aux tombes individuelles se généralise progressivement, appuyé par la loi du 29 décembre 1915 qui accorde aux soldats morts pour la France le droit à être inhumés en sépulture individuelle.
L’offensive de Lorraine en août 1914
En 1914, l’Alsace et une partie de la Lorraine sont annexées par l’Allemagne suite à la défaite de 1870. Le 1er août 1914, les troupes allemandes déploient par la Belgique "neutre" un large mouvement de débordement pour envelopper l’armée française.
Pour sa part, appliquant le plan XVII, le général français Joffre choisit de forcer les lignes ennemies en Alsace et en Lorraine afin de reprendre les départements perdus. Ce mouvement comprend une dimension psychologique et politique importante. En effet, il s'agit de libérer cette province perdue du joug de l'ennemi.
Ce secteur est tenu par la VIe armée qui, placée sous les ordres du prince Ruprecht de Bavière, dispose d’une nette supériorité. Ayant anticipé le mouvement offensif français, l’ennemi a organisé l’ensemble de ce front, notamment les secteurs de Morhange et de Sarrebourg. Des tranchées bétonnées avec des réseaux de fil de fer et des mitrailleuses y ont ainsi été creusées. Maître du terrain, l’ennemi bénéficie aussi d’importants moyens en artillerie lourde de campagne. En Lorraine, le 14 août 1914, la 2e armée française du général de Castelnau franchit la frontière et avance en direction de Morhange. Progressant rapidement, les Français atteignent, le 18 août, la ville de Dieuze. Le 19, ils entrent en contact avec la VIe armée.
La bataille de Dieuze - 18-20 août 1914
Le 18 août, des bataillons alpins stationnent à Dieuze, évacuée par l’ennemi. Celui-ci se retranche dans la forêt de Brides et Koking. De l’autre côté, la veille, sur le front Rohrbach, les troupes du 16e corps progressent. Placé en réserve à proximité de Rohrbach, le 53e régiment d’infanterie (RI), à la lisière de la forêt de Vulcain, soutient la manœuvre.
Le lendemain, les Français prennent position dans le village de Metzing. Deux compagnies du 37e RI y organisent le système de défense, tandis que d’autres éléments interviennent sur d'autres secteurs où ils subissent les feux de l’artillerie. En milieu de journée, sur les hauteurs de Riche, les soldats se replient. En fin de journée, ils pénètrent en partie dans Conthil pendant que d’autres éléments occupent la cote 270. Le même jour, à 17 heures, le général de Castelnau ordonne au 15e corps d’attaquer simultanément le front Cutting, Domnon, Bassing, au nord-est de Dieuze.
Le 20 août, à l’aube, après avoir essuyé des bombardements ennemis, les Français s’élancent. Supérieur en nombre, l’ennemi, placé en embuscade, harcèle les troupes françaises. Cibles de choix et souvent à découvert, elles sont clouées sur place. Elles sont rapidement débordées. Au cours de l’un de ces combats, le général Diou est gravement blessé. Les Bavarois pressent les défenses françaises. Au cours de l’après-midi, une retraite générale est ordonnée. Dans la précipitation, les Français abandonnent, sur le champ de bataille, près de 7 000 morts et 10 000 blessés.
Au soir du 20 août, le mouvement offensif de l’armée française est brisé. Harassés, les Français reculent alors vers le Grand-Couronné de Nancy où vient de se décider le sort de la Lorraine française.
Le succès de l’armée allemande est sans équivoque. Du côté français, c'est l'étonnement et la désillusion. Les pertes humaines sont importantes. Conçue et prônée à la veille de la guerre, la doctrine de l'offensive à outrance s'est avérée inadaptée aux réalités de la campagne de l'été 1914.
Toutefois, la victoire allemande n’est pas totale. Non seulement l’offensive française a retenu en Lorraine des troupes ennemies qui auraient dû être engagées à l’ouest pour la marche vers Paris mais en plus les Français se sont repliés en bon ordre. Ils n’ont perdu que peu de territoire tout en conservant Nancy. Le front se fige. Le général Joffre ordonne aux troupes de se replier sur la Marne où elles vont trouver les ressources morales et physiques pour reprendre l'offensive. La bataille de la Marne va devenir la première victoire française de la Grande Guerre. A la fin 1914, le front se stabilise le long de la Moselle et de la Meurthe-et-Moselle et perd, aux yeux des belligérants, tout intérêt stratégique.
Informationen
Cutting
Au sud-est de Morhange, D 38
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