Le 80e anniversaire du débarquement de Provence

Mené en partie par des troupes françaises ayant renoué avec la victoire en Italie, le débarquement de Provence paraît moins connu du grand public que son alter ego et précurseur normand, le célèbre D-Day, dont les commémorations viennent de s’achever en Normandie.

Son importance est pourtant indéniable : contraignant Hitler à ordonner le repli de ses armées, il a considérablement accéléré la libération de la France. Surtout, les batailles de Toulon et Marseille ont attesté de la participation des Français à leur propre libération, ce qui contribuera à la reconnaissance ultérieure de la France parmi les vainqueurs. Ce sera d’ailleurs le général de Lattre qui la représentera, à Berlin, le 8 mai 1945.

La Mission Libération, avec l’appui de son Conseil scientifique et d’orientation, met à profit le 80^e anniversaire pour mettre en lumière cet épisode glorieux de notre histoire, injustement méconnu et parfois qualifié "d’autre débarquement".

Respecter l'équilibre des mémoires

Après la séquence Bretagne-Normandie qui vient de se dérouler début juin, la préparation des commémorations de Provence bat aujourd’hui son plein.

Elles s’inscrivent dans un cadre spatial et temporel bien défini : au sein d’un triangle Marseille-Montélimar-Nice d’une part, pendant la deuxième quinzaine d’août d’autre part. Elles doivent par ailleurs permettre d’articuler trois mémoires distinctes mais complémentaires :

⚬ une mémoire franco-française d’abord, mettant en valeur l’action déterminante de la Résistance, que ce soit dans le Haut-Var, dans les Basses-Alpes où s’illustra René Char, ou encore à Nice, ville qui s’est libérée par elle-même ;

⚬ une mémoire franco-africaine ensuite, en raison de la composition de l’Armée "B", future Première armée française, où combattirent fraternellement, côte-à-côte, un tiers de Français et Européens d’Algérie et deux tiers de Tirailleurs, issus de l’Afrique du Nord et de l’Afrique Noire ;

⚬ une mémoire franco-alliée enfin, essentiellement franco-américaine et franco-britannique, au vu de l’apport essentiel des divisions américaines, des parachutistes, de la flotte et des aéronefs impliqués.

Les contraintes à prendre en compte et les pistes à envisager

La première des contraintes est naturellement la période des vacances d’été, moins propice au recueillement et à la mobilisation de la jeunesse, en particulier des scolaires. La seconde contrainte est l’exiguïté des lieux commémoratifs (dont les nécropoles) et l’accès routier difficile, propre au relief méditerranéen. Enfin la troisième contrainte est d’ordre météorologique, la chaleur de la mi-journée et le risque incendie constituant, en cette saison, des données incontournables.

Le programme conçu par la Mission Libération s’appuie sur les lieux de mémoire incontestables (nécropoles du Rayol-Canadel, de Boulouris et de Signes, mémorial du Mont Faron et cimetière américain de Draguignan, mais également les différents musées régionaux) et sur l’idée d’offrir une reconstitution populaire, via un débarquement sur une plage du littoral qui sera mené par des militaires d’active et, pour la première fois, par des associations de reconstituants. La traditionnelle prestation de la Patrouille de France, ainsi que le survol d’avions d’époque, viendront ajouter l’incontournable dimension aérienne.

Les opportunités à saisir

Comme en Normandie et pour la suite du cycle commémoratif 2024-2025, la Mission Libération a souhaité associer son travail à celui des partenaires locaux, en leur permettant l’adhésion au groupement d’intérêt public. La Région Provence Alpes-Côte d’Azur, le conseil départemental du Var, les villes de Marseille et Nice ont saisi cette opportunité et nous ont fait l’honneur de nous rejoindre. Ce partenariat a ainsi permis de mettre en lumière les initiatives déjà lancées, comme par exemple les "Routes varoises de la liberté", entreprises par le conseil départemental du Var, et d’aboutir à une forme de co-construction du programme commémoratif.

La seconde opportunité qui s’offre à nous est l’engouement populaire suscité par les démonstrations de véhicules et aéronefs d’époque, réalisées par des associations de passionnés, équipés en "GI’s". Cet aspect sera rehaussé par la forte présence militaire américaine, des troupes et des formations de musique militaires venues d’outre-Atlantique ayant été invitées, le plus souvent à l’initiative des villes varoises jumelées.

La troisième opportunité à saisir est territoriale. Elle consiste à prendre en compte l’importance des commémorations locales, chaque commune de Provence ayant été libérée d’une manière ou d’une autre. À ce titre, la carte interactive réalisée par l’Établissement géographique interarmées et hébergée sur le site de la Mission Libération permet à chacun de visualiser le "cheminement de la Libération", au-delà de l’effet de loupe toujours spectaculaire, mais spatialement réducteur, des commémorations sur le littoral.

La quatrième opportunité, enfin, s’inscrit dans le cadre de la mission de transmission du GIP Libération. Elle repose sur la valorisation de ces commémorations lors des rentrées scolaires 2024 puis 2025, le but étant d’imprimer une trace mémorielle profonde. En effet, la joie de pouvoir encore échanger avec des vétérans, comme récemment en Normandie, s’estompe inéluctablement et la bascule des témoignages directs vers une forme plus numérique est au cœur de nos préoccupations.

En conclusion

Honorer les combattants, civils et militaires, et mieux faire connaître les sacrifices héroïques des résistants, ainsi que le courage démontré lors des durs combats menés devant Toulon et Marseille, constituent une vraie source d’inspiration et de réflexion sur l’intemporalité de nos valeurs fondamentales.

La Mission Libération, ses collectivités adhérentes, les fondations mémorielles ainsi que les fédérations et associations du monde combattant vous donnent donc rendez-vous mi-août pour des commémorations hautes en couleur !