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La Médaille de la reconnaissance française célèbre son centenaire

Source : www.medailles1914-1918.fr (collection Ludovic Rico)
Source : www.medailles1914-1918.fr (collection Ludovic Rico)

La Médaille de la reconnaissance française (MRF), trop souvent méconnue du grand public en raison de son extrême rareté, est une citation à l’ordre de la nation française, pour services exceptionnels, actes de dévouement répétés accomplis au péril de la vie pour la France, soit à titre civil, soit au titre de la Résistance.

Corps 1

Elle a été la médaille de la Résistance 1914-1918. Dès son origine, la MRF, créée le 13 juillet 1917 par Raymond Poincaré, Président de la République, sur proposition du Président du Conseil et ministre des affaires étrangères Alexandre Ribot et du ministre de la justice René Viviani, portait la marque d’une distinction nationale.

L’héroïsme d’Edith Cavell, fusillée par les Allemands, a été le point de départ de la nécessité ressentie de créer une décoration jamais décernée. C’est Louise Thuliez (distinguée par Georges Clémenceau qui l’avait chargée d’étudier les premières promotions) qui participa à l’attribution de la MRF dans les premières commissions d’examen. L’Association nationale a eu la joie de recevoir et de fêter cette grande résistante devenue Commandeur de la Légion d’honneur. Louise Thuliez précisait que cette décoration « fut vraiment celle de la résistance à l’occupant, celle de l’héroïsme personnel en temps de guerre, le sens de cette distinction ne pouvant être confondu avec nulle autre récompense indiscutable, mais d’un ordre tout différent. »

 

   

Médaille de la reconnaissance vermeil 433 - médaille de la reconnaissance bronze 435 - médaille de la reconnaissance delannoy argent 437
Collection privée de Maurice Bleicher

 

Puis, le décret du 14 septembre 1945 rendit applicable, en faveur des personnes et des collectivités françaises et étrangères qui s’étaient distingués par leur dévouement à la cause française au cours de la guerre 1939-1945, les dispositions du décret de 1917, notamment pour les isolés résistants dont l’héroïsme individuel ne relevait pas spécialement d’un réseau organisé.

Cette décoration prestigieuse est décernée par le Président de la République « après examen des dossiers des candidats par une commission dont les membres sont choisis dans les corps constitués les plus éminents de l’Etat. » Celle-ci siégeait deux fois par mois à la Grande chancellerie de la Légion d’honneur. Elle était présidée par un membre du conseil de l’Ordre et comprenait un ambassadeur et un membre de l’Institut. Les actes exigés pour l’attribution devaient comporter un effort personnel, soutenu ou volontaire. Seuls pouvaient être pris en considération les services d’une durée continue d’au moins une année.

Attribuée au nom de la République par le Président du Conseil, le ministre des Affaires étrangères ou de la Guerre, la Médaille de la reconnaissance française est désormais placée sous la dépendance du ministre de l’Intérieur.

Services volontaires et civisme exceptionnel sont les témoignages qu’apporte cette décoration à ses bénéficiaires. Au péril de leur vie et sans obligation légale, uniquement sur ordre de leur conscience, ils ont mérité la gratitude du pays. Ce sont 2793 femmes, infirmières bénévoles, qui la reçurent au titre de la Première Guerre mondiale, dont 400 tuées à l’ennemi.

La médaille comporte trois classes : bronze, argent et vermeil (avec rosette). Elle a été accordée à titre posthume pour environ un tiers de ses titulaires, ce qui donne à la dignité et à la valeur de cette distinction toute sa signification.

Depuis 1917, 15 000 personnes, tout au plus, se sont vu attribuer cette décoration en France et à l’étranger. Nos morts sont plus nombreux que les vivants dont les rangs s’amenuisent au cours des années. La Médaille de la reconnaissance française, décernée avec une rigoureuse parcimonie, est le signe distinctif d’une élite et c’est le devoir de chaque décoré de la faire mieux connaître. L’Association nationale des médaillés de la reconnaissance française s’est donné ce but.

 

Par Gérard Baumont, président de l’Association nationale des médaillés de la reconnaissance française et officier de la légion d’honneur