1918 - Les Américains au combat

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Au bois Belleau : la contre-attaque de la brigade de Marine américaine, le 8 juin 1918.
Au bois Belleau : la contre-attaque de la brigade de Marine américaine, le 8 juin 1918.
Source : l'album de la guerre 1914-1919. © L'illustration

Depuis le 26 juin 1917, date de l'arrivée en France de leur premier contingent à Saint-Nazaire, les Américains mettent progressivement en marche une impressionnante machine de guerre.

Corps 1

Au 1er janvier 1918, il y a 150 000 soldats américains en France. Le 11 novembre, ils sont 2 millions sur le front occidental. Au cours de cette même année, leurs unités, instruites dans des camps aux Etats-Unis avant d'être envoyées en France, à l'arrière du front, pour compléter leur instruction sous la direction de cadres français, montent en ligne en Lorraine, dans des secteurs relativement calmes où elles subissent l'épreuve du feu. A cette époque, la France fournit des armes lourdes : environ 230 tanks, 3 000 canons, des milliers d'avions.

 

M. Clemenceau dans les cantonnements américains : le président du Conseil et le général Pershing inspectent des troupes débarquées
depuis moins de huit jours et qui vont recevoir le baptême du feu.<br>Source : l'album de la guerre 1914-1919. © L'illustration

 

Commandant en chef des troupes américaines, le général Pershing a, dès l'origine, des instructions claires de son ministre de la guerre, Baker : coopérer avec les Alliés mais en conservant l'intégrité de ses forces jusqu'à pouvoir mener ses propres offensives.Dans cette optique, il s'affranchit peu à peu de la tutelle française et, après bien des pourparlers avec le généralissime Foch, il peut créer officiellement, le 10 août 1918, la 1re armée américaine dont le G.Q.G. se situe à Chaumont (Haute-Marne).

En convois maritimes, protégés par leur marine commandée par l'amiral Sims, les Américains arrivent en France au printemps 1918, au rythme de 200 000 par mois. Prêtes, attendant d'être réunies en une armée capable d'opérer seule, les unités de Sammies (soldats américains) vont être jetées par fractions dans la fournaise, lorsque de dangereuses poussées ennemies, déclenchées le 21 mars 1918, imposent de soutenir d'urgence les troupes françaises et britanniques. Toute l'infrastructure du Service of Supply (camps, dépôts, lignes de communication, transports) fonctionne alors à plein rendement et les effets de la "marée montante" américaine contribuent puissamment à précipiter l'ennemi vers sa perte.

Du 28 mai au 31 juillet se déroulent les opérations de la poche Aisne-Marne et de la deuxième bataille de la Marne, à Bouresches, Bois Belleau, Château-Thierry, Fère-en-Tardenois, Nesles, Fismes, etc, où s'illustrent notamment la 2e division d'infanterie américaine (D.I.U.S.) et la brigade de marine.

 

L'attaque franco-américaine du saillant de Cantigny : l'infanterie américaine s'élance de ses lignes, soutenue par les chars d'assaut français.
Source : l'album de la guerre 1914-1919. © L'illustration


Dès le 28 mai, la 1re D.I.U.S. attaque le long de l'Aisne en concentrant ses efforts sur le village de Cantigny, à l'est de Montdidier, qu'elle enlève le jour même, au prix d'importantes pertes (plus de 1 000 tués ou blessés).

Début juin, la 3e D.I.U.S. réussit à empêcher les troupes d'assaut allemandes de traverser la Marne pour s'emparer de Château-Thierry. La 2e D.I.U.S., qui avait reçu l'ordre de relever la 1re D.I.U.S. à Cantigny, s'empare de Bouresches. Les Marines (5e et 6e Régiment de fusiliers marins) libèrent entièrement le bois Belleau, situé légèrement à l'est de Château-Thierry, entre le 6 et le 25 juin, malgré leur infériorité numérique. La bataille est considérée aujourd'hui comme le premier engagement majeur et l'événement fondateur de la réputation des Marines.

 

Au bois Belleau : la contre-attaque de la brigade de Marine américaine, le 8 juin 1918. Source : l'album de la guerre 1914-1919. © L'illustration


Dans ses mémoires, le général Pershing analyse cette participation aux combats: " Les trois divisions américaines qui, pour la première fois, avaient pris part à des combats, s'étaient toutes distinguées : la 1re à Cantigny, la 2e au bois Belleau, la 3e à Château-Thierry. Leur conduite au feu faisait présager tout ce que pourraient accomplir des troupes américaines entraînées ". (Général Pershing, Mes souvenirs de guerre, Librairie Plon, 1931)

D'août à octobre, les armées alliées étendent le théâtre des combats dans la Somme, l'Artois et les Flandres. Là se distinguent les 27e, 30e, 33e, 80e D.I.U.S. Avec sa 1re armée, Pershing lance l'offensive franco-américaine qui, du 12 au 14 septembre, réduit le saillant de Saint-Mihiel, dans la Meuse : 15 000 ennemis sont faits prisonniers.

 

colonnes américaines

Les Américains dans le saillant de Saint-Mihiel : A l'horizon, la hauteur fortifiée de Montsec, enlevée le 12 septembre, premier jour de l'offensive américaine.
Source : l'album de la guerre 1914-1919. © L'illustration


La victoire est rapidement acquise grâce notamment aux chars, aux canons et aux avions prêtés par le commandant en chef des armées françaises. Elle est également facilitée par l'épuisement d'un adversaire qui a raccourci son front par une retraite vers sa ligne Hindenburg, entre Etain et la Moselle. Lors de l'attaque, les chars sont commandés par un officier dont la renommée allait éclater en 1944 : Patton, alors colonel.

Le 25 septembre, l'offensive des 4e armée française (général Gouraud) et 1re armée US démarre avec les Ardennes pour objectif.

Les Américains nettoient l'Argonne, dégagent Verdun, montent vers le Nord de part et d'autre de la Meuse, au prix de combats acharnés et d'un piétinement qui amènent le maréchal Foch à faire appuyer cette progression par l'apport de renforts français à partir du 1er octobre. Le 3, les 2e et 36e D.I.U.S. s'emparent de la redoutable crête du Blanc Mont.

 

À la sortie d'un village, les Sammies saluent le nom de leur Président qu'ils ont substitué à l'inscription allemande "Hindenburgstrasse".
Source : l'album de la guerre 1914-1919. © L'illustration



Selon Leonard Ayres, chef du service statistique de l'armée américaine, les pertes du corps expéditionnaire pendant la campagne d'Argonne s'élèvent à environ 22 000 morts, soit près de la moitié des pertes totales américaines pendant la Grande Guerre.

 

Les Américains à Luxembourg. Sur le balcon du Palais, aux cotés de la grande-duchesse régnante, Marie, le général Pershing et le major général Dickman, (5ème en partant de la gauche),
commandant la 3e armée américaine. Source : l'album de la guerre 1914-1919. © L'illustration


Le 12 octobre, une deuxième armée américaine est créée, puis une troisième, le 7 novembre. Les Américains atteignent Sedan le même jour. Les Français franchissent la Meuse, à Vrigne, le 10, en combattant furieusement tandis que plus au nord, vers Rocroi, ils entrent en Belgique.L'armistice est demandé le 9 par l'Allemagne.

Le général Pétain avait préparé une grande offensive en Lorraine, prévue pour le 14 novembre 1918, et qui devait mener les troupes franco-américaines jusqu'en Allemagne. Mais elle est abandonnée car, contre son avis et celui du général Pershing qui souhaitaient que la signature de l'armistice n'intervienne pas avant que l'ennemi ne soit rejeté au-delà du Rhin, le général Foch et Clemenceau acceptent la demande allemande et signent l'armistice, le 11 novembre.

Le 21 novembre, les Américains entrent à Luxembourg, capitale libérée du Grand-Duché, puis pénètrent en Rhénanie, le 23. Par la vallée de la Moselle, ils atteignent le Rhin et Coblence, le 9 décembre.

Le 14 juillet 1919, ils défilent avec tous les Alliés, sous l'Arc de Triomphe à Paris, lors des fêtes de la Victoire.

 

Les fêtes de la Victoire à Paris, le 14 juillet 1919. Le général Pershing, commandant l'armée américaine, ouvre le défilé des Alliés.
Source : l'album de la guerre 1914-1919. © L'illustration


Au cours de la guerre, sur les fronts de France, de Belgique et d'Italie, plus de 50 000 Sammies ont été tués au combat ou sont décédés à l'hôpital des suites de blessures. Des dizaines de milliers d'autres sont morts de maladie ou victimes d'accidents.

En janvier 1919, à l'ouverture du négociations de Versailles, Wilson fait valoir ses vues : réduction des armements, libération des colonies, liberté de circulation en mer et surtout création de la Société des Nations destinée à garantir la paix et les nouvelles frontières européennes. Mais le Sénat américain refuse, en novembre 1919, de ratifier le traité de Versailles, inaugurant le retour à l'isolationnisme des Etats-Unis d'Amérique, qui ont su prendre le relais d'une Europe défaillante économiquement et financièrement.

 

Source : MINDEF/SGA/DMPA