Le Canada dans la Seconde Guerre mondiale
Réuni le 7 septembre 1939 en session spéciale, le Parlement du Canada accorde le surlendemain son appui à la Grande-Bretagne et à la France, en guerre contre l'Allemagne depuis le 3 septembre.
En un mois, plus de 58 000 volontaires se présentent et des unités de la 1re DI embarquent en décembre pour l'Angleterre. Avec la 2e DI, arrivée à l'été 1940, ces unités constitueront le 1er Corps canadien au sein du 7e corps d'armée commandé par le général Mc Naughton.
1940 et la guerre sur mer
En mai 1940, quatre destroyers canadiens participent au rembarquement des troupes à Dunkerque.
Le destroyer canadien NCSM Saguenay.
Source : National Archives of Canada
Durant la bataille d'Angleterre, le Corps d'aviation royal canadien (CARC) détruit 31 avions allemands et en endommage 43, perdant lui-même 16 appareils. D'autres Canadiens servent dans la 242e escadrille de la RAF.
La bataille de l'Atlantique sera déterminante pour la survie de la Grande-Bretagne. En 1940, le Canada disposait de 13 navires et de 3 000 hommes . ces chiffres seront respectivement de 373 et de 90 000 à la fin de 1944.
Le Canada fournit bientôt plus de la moitié des escortes aux convois de ravitaillement . les premières "corvettes" entrent en service mais les "U-Boot" allemands font toujours des ravages. En septembre 1941, les forces navales canadiennes passent sous commandement américain, ce qui aboutit à leur dispersion sur l'Atlantique. Des U-Boot réussissent même à pénétrer dans le Golfe du Saint-Laurent et couler 23 bateaux.
Le rassemblement d'un convoi de navires marchands au bassin Bedford du port de Halifax, en avril 1941.
Source : Ministère de la Défense nationale / Archives nationales du Canada, PA-105262.
En mars 1943, une conférence confie à la Grande-Bretagne et au Canada la défense de l'Atlantique Nord. L'amiral Murray commandera l'Atlantique Nord-Ouest.
L'amélioration du matériel et l'accroissement de l'armement du côté des Alliés renverse la situation dans la guerre de convois à l'automne 1943. L'action de la marine canadienne restera déterminante jusqu'à la fin de la guerre sur mer.
Les opérations en Asie
C'est en Asie que les soldats canadiens connaissent leur baptême du feu. Deux bataillons canadiens (Royal Rifles of Canada et Winnipeg Grenadiers) sont envoyés en renfort à Hong-Kong le 27 octobre 1941. Malgré la faiblesse des moyens en hommes et en armement, la colonie tiendra tête victorieusement aux attaques japonaises.
Dans la zone de combat asiatique, les Canadiens prennent part aux combats particulièrement dans les airs : le CARC participe ainsi à la défense aérienne du territoire indien dès l'offensive japonaise d'octobre 1942 et aux opérations qui aboutissent à la prise de Rangoon le 3 mai 1945.
Le front occidental
Dieppe
Sur le front occidental, les Canadiens constituent le gros des forces lancées dans le raid de Dieppe, les 18 et 19 août 1942. Audacieuse mais mal préparée, l'opération tourne au désastre : sur les 4 965 combattants canadiens, les pertes s'élèvent à plus de 3300 dont 907 tués.
Des prisonniers canadiens sont escortés par des gardes allemands à travers les rues de Dieppe, le 19 août 1942.
Source : Ministère de la Défense nationale / Archives nationales du Canada, PA-200058.
L'Italie
En septembre 1943, les Alliés, débarqués en Sicile le 10 juillet, franchissent le détroit de Messines. La 1re Division canadienne et la 1re Brigade blindée canadienne combattent au sein de la 8e armée britannique. Les Canadiens prennent Reggio et atteignent Catanzaro le 10 septembre, tandis qu'une brigade s'empare de Potenza, permettant à la 5e armée US d'avancer sur Naples.
Le 1er octobre les Canadiens, qui remontent dans le centre de l'Italie, se battent à Motta, à Campobasso, prennent Vinchiaturo le 15 octobre. Le 5 novembre, le QG du 1er corps canadien (général Crerar) et la 5e Division blindée canadienne (général Simmonds) arrivent en Italie.
Le Royal 22e débarque sur la plage de Reggio di Calabria le matin du 3 septembre 1943.
Source : Photo par Alexander M. Stirton. Ministère de la Défense nationale / Archives nationales du Canada, PA-177114.
Début décembre, la 8e armée attaque et repousse les Allemands retranchés le long du Sangro jusqu'à la rivière Moro. Plusieurs jours de combats acharnés permettent aux Canadiens de s'emparer d'Ortona le 28 décembre. Le général Crerar regagne l'Angleterre pour prendre la tête de la 1re armée canadienne.
À l'hiver 1943, les effectifs canadiens atteignent 76 000 hommes. Depuis le débarquement de Sicile, 2 119 ont été tués.
La Normandie
Le 6 juin 1944, sous les ordres du général Keller, la 3e division d’infanterie canadienne (3e DIC), soit 14 000 soldats, débarque sur la plage de Juno au centre du dispositif britannique.
L'infanterie canadienne débarque sur la plage de Juno Beach et marche en direction de Bernières-sur-Mer, le 6 juin 1944.
Source Archives Nationales du Canada.
La tâche des Canadiens est d’établir une tête de pont entre Courseulles et Saint-Aubin-sur-Mer. Ils doivent ensuite poursuivre vers l’aérodrome de Carpiquet. La 3e DIC reçoit pour mission d’occuper la route et le chemin de fer reliant Caen et Bayeux, que doivent prendre les Britanniques. La 2e brigade blindée canadienne (2e BB) est en deuxième vague. Le Corps d’aviation royal canadien, 109 navires et 10 000 marins de la marine royale du Canada et les 450 hommes du 1er bataillon canadien de parachutistes prennent aussi part à l’opération Overlord.
Après de sanglants combats sur les plages, les Canadiens prennent Courseulles. Bernières-sur-Mer est libéré. Dans l’après-midi, les Canadiens pénètrent à l’intérieur des terres jusqu’à Sainte-Croix et Banville. Appuyés par un escadron de chars, le régiment de la Chaudière libère Bény-sur-Mer. Il poursuit son avance et s’empare du point fort allemand des Moulineaux, une batterie de quatre canons de 105 mm, avant d’entrer dans Basly.
Avec l'aide d'un sergent, des civils français passent à côté d'un char à Bernières.
Source : Photo par Frank L. Dubervill. Ministère de la Défense nationale / Archives nationales du Canada, PA-132725.
Le 6 juin au soir, les Canadiens tiennent de solides positions. Pourtant, même si les troupes canadiennes ont avancé à l’intérieur des terres plus loin que tous les autres Alliés, les hommes du général Keller n’ont pas atteint leurs objectifs du Jour J : les Britanniques n’ayant pu libérer ni Caen ni Bayeux. Au soir du Jour J, les pertes canadiennes s’élèvent à 960 hommes, dont près de 360 tués. Après six jours de combats continuels, la 3e DIC et la 2e BB font le bilan : plus de 1 000 Canadiens ont été tués et près de 2 000 sont blessés. Malgré tout les Canadiens ont tenu bon dans leur secteur de la tête de pont alliée.
Le caporal W.J. Curtis du Corps médical militaire royal du Canada soigne la jambe brûlée d'un jeune garçon français, sous les regards de son frère cadet. Entre Colomby-sur-Thaon et Villons-les-Buissons, Normandie, 19 juin 1944.
Source : Photo par Ken Bell. Ministère de la Défense nationale / Archives nationales du Canada, PA-141703.
Au début de juillet 1944, ils tentent de nouveau d’élargir la brèche contre un ennemi aguerri et retranché dans les maisons détruites des villes et des villages normands qui a reçu d’Hitler l’ordre de ne pas céder un pouce de terrain.
Les troupes de la 3ème Division d'infanterie canadienne entrent à Caen en Normandie, après d'intenses bombardements par l'aviation et l'artillerie alliées, 10 juillet 1944.
Source : Photo par Harold G. Aikman. Ministère de la Défense nationale / Archives nationales du Canada, PA-116510.
Au cours de la bataille de Normandie, les unités canadiennes regroupées au sein de la 1re armée canadienne (2e et 3e DI, 4e DB, avec des Britanniques et la 1re DB polonaise) vont jouer un rôle important. Ils participent notamment à la prise de l’aérodrome de Carpiquet, à la libération de Caen (9 juillet) et à la fermeture de la poche de Falaise-Chambois, le 19 août 1944. Pendant cette terrible bataille de Normandie, 5 021 Canadiens ont été tués et 13 423 blessés ou faits prisonniers. De toutes les divisions qui faisaient partie du 21e groupe d’armées du général Montgomery, aucune n’a subi autant de pertes que les 2e et 3e divisions canadiennes.
La Belgique et les Pays-Bas
La 1re armée canadienne dégage ensuite les ports de la Manche puis s'achemine vers la Belgique où elle participe à la libération de la Flandre. La 4e DB affronte les Allemands à Ypres le 6 septembre. Le 8 septembre, les Canadiens sont sur le canal de Gand dont les ponts ont été détruits. En dépit d'une forte résistance allemande, le canal est franchi. La mission de la 1re armée est de briser la défense ennemie sur l'Escaut et de libérer Anvers, port capital pour le ravitaillement des Alliés.
Une colonne d’Alligators passe devant des véhicules amphibies Terrepin sur l’Escaut, près de Terneuzen, le 13 octobre 1944.
Source : Photo par Donald I. Grant. Ministère de la Défense nationale / Archives nationales du Canada, PA-114754.
Du 8 au 16 octobre, de violents engagements se produisent dans les polders inondés et minés. Le 13, le bataillon Black Watch de la 5e brigade est quasiment anéanti. Les Allemands reculent devant les bombardements massifs et les Canadiens entrent à Woensdrecht. La 4e DB finit par occuper Bergen op Zoom et avancent vers la Frise Orientale.
Des soldats canadiens passent à côté de réfugiés allemands sur les routes à proximité de Xanten en Allemagne, le 9 mars 1945.
Source : Photo par Ken Bell. Ministère de la Défense nationale / Archives nationales du Canada, PA-137462.
Le 23 mars 1945, les Alliés se lancent à l'assaut au-delà du Rhin. La 9e brigade d'infanterie canadienne atteint Rees, le 1er bataillon de parachutistes canadien saute près de Wesel et la 3e division s'empare d'Emmerich.
La population accueille chaleureusement les Stormont, Dundas and Glengarry Highlanders of Canada lors de leur entrée à Leeuwarden aux Pays-Bas, le 12 avril 1945.
Source : Photo par Donald I. Grant. Ministère de la Défense nationale / Archives nationales du Canada, PA-131564.
Le 1er corps d'armée canadien va combattre dans l'ouest des Pays-Bas, tandis que le 2e corps, ramené d'Italie, va affronter les Allemands dans le nord-est et sur la côte allemande autour de l'Elbe.
Plus de 45 000 Canadiens sont tombés pour la destruction du nazisme.
MINDEF/SGA/DMPA
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