Les Mouvements de Résistance

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Le Conseil national de la Résistance, présidé par Georges Bidault, septembre 1944, à Paris. Copyright MRN
Corps 1

Les premiers Mouvements de Résistance se mirent en place dans le lourd climat de déliquescence et de désorganisation de la société française qui suivit la défaite de juin 1940. Les premiers actes de résistance sont tout d'abord individuels et isolés. Pour les résistants de la première heure, l'enjeu est de s'exprimer, de faire connaître leur existence et leurs idées afin de rassembler autour d'eux toutes celles et ceux qui adhèrent à leur rejet de la fin du combat contre l'Allemagne nazie. C'est tout le sens, par exemple, des tracts distribués dans les boîtes aux lettres de Brive par Edmond Michelet, dans la nuit du 17 au 18 juin 1940. C'est l'agrégation de volontés individuelles qui finit par constituer les noyaux des premiers Mouvements de la Résistance intérieure.

Parmi les plus précoces, le groupe du Musée de l'Homme se constitue à Paris dès les premières semaines de l'Occupation autour d'Yvonne Odon, bibliothécaire, et de deux chercheurs russes qui venaient d'être naturalisés, Boris Vildé, linguiste, et Anatole Lewitsky, anthropologue. Un des buts de ce réseau était d'unifier les initiatives résistantes pour donner plus de poids et d'efficacité à leurs actions de renseignement, d'évasion et de propagande. Mais le Mouvement est rapidement infiltré et démantelé par les services allemands, 7 de ses membres, dont Vildé et Lewitsky, étant fusillés au mont Valérien le 23 février 1942, Yvonne Odon étant quant à elle déportée.

 

 

 

 

 

Jusqu'à l'occupation de la Zone sud par les Allemands, en novembre 1942, les priorités des Mouvements diffèrent de part et d'autre de la ligne de démarcation : en raison de la présence du régime de Vichy, les actions en zone non occupée ont une dimension plus politique qu'en zone Nord où l'action militaire contre l'occupant est privilégiée. C'est donc en zone Sud que les services de propagande-diffusion sont les plus actifs, les trois principaux Mouvements de la Résistance non communiste étant indissociables de leurs journaux clandestins : Combat, Franc-Tireur, Libération. À l'inverse, et même s'il ne faut pas généraliser cette spécificité car la propagande a partout constitué un enjeu important, quelques grands mouvements de zone occupée n'ont pas de journal propre, comme ce fut le cas pour l'Organisation civile et militaire (OCM), Ceux de la Résistance (CDLR) ou Ceux de la Libération (CDLL).

 

 

 

Les Mouvements s'organisent progressivement en constituant des services distincts (propagande-diffusion, groupes paramilitaires, corps francs, faux papiers, filières d'évasion…), qui cloisonnent leurs activités pour être moins vulnérables en cas d'arrestation. Leurs relations avec les partis politiques résistants, partis communiste et socialiste, sont parfois tendues. Le PCF fonde son propre Mouvement, le Front national, au printemps 1941. Il fallut toute l'action déterminée de Jean Moulin pour parvenir à unifier les Mouvements au sein du Conseil de la Résistance, en mai 1943.

 

 

 

  • Boris Vildé, fondateur du groupe du Musée de l?Homme, fusillé au mont Valérien le 23 février 1942. Copyright Collection particulière

  • Berty Albrecht, responsable du mouvement Combat. Arrêtée par la Gestapo le 27 mai 1943, elle est transférée dans la prison de Fresne où elle se donne la mort. Copyright Collection particulière

  • Jacques Arthuys, membre fondateur de l?Organisation civile et militaire (OCM). Arrêté le 21 décembre 1941, il meurt au court de l?été 1943 au camp de Hinzert, en Allemagne. Copyright Collection particulière

  • Lucie Aubrac, professeur d?histoire, membre fondatrice de Libération-Sud. Siège à l'Assemblée consultative à la Libération. Copyright Collection particulière

  • Pierre de Bénouville, membre du mouvement Combat. Copyright Fondation Charles de Gaulle

  • Pierre Brossolette, membre du BCRA, parachuté en France pour unifier les mouvements de résistance de la zone nord. Copyright Collection particulière

  • André Pican, dirigeant du parti communiste clandestin en Normandie. Fusillé au Mont-Valérien le 23 mai 1942. Copyright Mairie d?Ivry-sur-Seine, fonds Maurice Thorez

  • Lettre du général de Gaulle adressée à Jean Moulin, 22 octobre 1942. Copyright Fondation Charles de Gaulle