Le mémorial des guerres en Indochine, haut lieu de la mémoire nationale
Face à la Méditerranée, sur les hauteurs de Fréjus dans le Var, le mémorial des guerres en Indochine perpétue le souvenir des soldats morts pour la France dans la péninsule indochinoise, entre 1940 et 1954. Il donne des clés pour comprendre l’histoire de la présence française dans cet espace.
Inauguré par le président de la République en 1993, le mémorial des guerres en Indochine dessine un large cercle de 110 mètres de diamètre. Il est bâti sur les terrains de l’ancien camp Gallieni, qui était, sur la zone Fréjus–Saint-Raphaël, l’un des lieux de séjour des troupes coloniales durant la Première Guerre mondiale. Il s’agissait alors d’un carrefour stratégique pour les unités coloniales en transit. Le camp servit ainsi à l’entraînement, à l’acclimatation et à l’hivernage de ces troupes.
Haut lieu de la mémoire nationale du ministère des Armées, la nécropole recueille les dépouilles de 17 255 soldats identifiés, et de 3 152 soldats inconnus, tous "morts pour la France". Le long du "Mur du souvenir" sont gravés les noms des 35 000 soldats dont les corps n’ont pas été retrouvés ou ont été restitués à leur famille.
Les corps de 3 515 civils ont été rapatriés des cimetières indochinois et reposent désormais dans la partie civile de la nécropole.
Un lieu cultuel destiné à la méditation et au recueillement a été aménagé dans le site, consacré aux quatre principales religions (chrétienne, musulmane, israélite et bouddhiste). Le mémorial est complété par le "Jardin du souvenir", à l’extérieur de la promenade circulaire, simple carré de terre délimité par des pierres blanches et destiné à recevoir les cendres d’anciens combattants.
Tous les 8 juin, la Journée d’hommage aux morts pour la France en Indochine est célébrée dans ce haut lieu. Un espace et un parcours de médiation mémoriels sont également proposés au sein du mémorial. Ils exposent le récit de la présence française en Indochine, de ses origines et de son expansion au XIXe siècle, jusqu’aux accords de paix de Genève du 21 juillet 1954.
Le parcours rappelle de manière chronologique les conflits en Indochine. Il identifie et présente les forces françaises engagées et explique les raisons de l’existence de ce lieu, à la fois nécropole et mémorial. Ce haut lieu de la mémoire nationale du ministère des Armées, géré par l’Office national des combattants et victimes de guerre (ONaCVG), assure ainsi la transmission historique et mémorielle au profit de la jeunesse, dans le cadre d’une politique de valorisation des sites de mémoire, tout en renforçant le lien armées-nation. Facteur de cohésion nationale, il répond aux attentes du ministère de l’Éducation nationale et de la jeunesse en matière de programmes scolaires et participe, à ce titre, à la formation des citoyens de demain.
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