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La nécropole nationale de Rougemont rassemble en tombes individuelles 2 169 corps de soldats de la 1re armée française tombés au cours des combats des Vosges en 1944. Aménagé entre 1951 et 1958, ce cimetière regroupe les corps exhumés de cimetières provisoires du Doubs, de la Côte d’Or, de la Haute-Saône et des Vosges. Ce site a été retenu en raison de son histoire car, en ce lieu, en 1944, se trouvait le poste de commandement du général de Lattre de Tassigny, commandant de la 1re armée française. D'ici, il dirigea, au cours de l’automne 1944, la campagne des Vosges qui fut des plus éprouvantes pour les hommes conduits par de Lattre.
Parmi ces hommes inhumés, dont beaucoup proviennent d'horizons lointains, reposent notamment deux de leurs chefs : celle du commandant de la 1re division motorisée d’infanterie (DMI), le général Diego Brosset (tombe n°601) et celle du colonel Desazers de Montgaillard, commandant de la 5e division blindée (DB) (n° 520)
Les batailles des Vosges et de Belfort : 15 septembre – 24 novembre 1944
Le 25 septembre 1944, plus d'un mois après avoir débarqué en Provence, les hommes de la 1re armée française atteignent les portes de l’Alsace. La progression a été rapide. Les troupes doivent se réorganiser car le ravitaillement n'a pas pu suivre. Privées de munitions, de carburant et d'équipements, elles ne peuvent s'élancer contre les positions ennemies. Solidement accrochés à chaque route ou à chaque crête de la ligne des Vosges, les Allemands, conformément aux ordres du haut-commandement, veulent défendre à tout prix l'accès au Rhin. Dotés d'équipements modernes et entraînés au combat en forêt, ces hommes ne veulent rien lâcher.
En raison de la progression des Américains vers le nord-est et avant tout nouvel assaut, le dispositif français doit se réarticuler. Pour préparer sa manœuvre, le général de Lattre de Tassigny installe son poste de commandement à Rougemont. Avant de porter son effort principal sur Belfort, le 2e corps d’armée (CA) est engagé en vue d'atteindre au plus vite le ballon d'Alsace. La première tentative est un échec. Poursuivant leurs efforts, les Français, malgré la résistance ennemie, parviennent à enlever un à un chaque col. Dans les rangs français, les pertes sont importantes.
Dans les vallées, la lutte est tout aussi rude, à l’image de l’offensive conduite par la 1re DB devant le Thillot. Les blindés français ne peuvent déboucher. C’est pourquoi, de Lattre choisit-il de concentrer ses moyens pour déborder la trouée de Belfort par le col de la Schlucht.
Les contre-attaques incessantes de l'ennemi et les mauvaises conditions météorologiques usent rapidement les unités françaises privées d'appui logistique. Au prix d'importants efforts, la 3e division d'infanterie algérienne (DIA) parvient à s'emparer de La Bresse. Pourtant, la Winter Line sur laquelle s'appuient les défenses allemandes n'a pu être percée. Le 17 octobre, faute de nouvelles troupes, de Lattre cesse toute nouvelle action. Au terme de ces combats, la 3e DIA compte plus de 5 000 hommes hors de combat.
Le 14 novembre, de Lattre lance une nouvelle offensive en Haute-Alsace. Le 18, Montbéliard et Héricourt sont libérées par les hommes de la 2e division d’infanterie marocaine (DIM) et ceux de la 5e DB. Le front allemand sur le Doubs est rompu : la route vers Belfort est ouverte. Le 21, les faubourgs sont atteints, Belfort semble libérée. Pourtant, c’est au terme de violents combats de rues, que Belfort passe aux mains des Français le 25 novembre.
Plus au nord, l'autre division blindée de la 1re armée française doit progresser en direction de Cernay et de Colmar. Elle ne peut déboucher et piétine, devant les défenses ennemies, jusqu'au 26 novembre. Les combats s'intensifient dans la région de Mulhouse où la confusion est totale. À Mulhouse, les Allemands se retranchent dans les casernes et conservent le contrôle du pont de Chalampé. Le 24, poursuivant son effort, de Lattre, fort du soutien de la 2re DB au nord, engage ses forces pour faire sauter définitivement ce verrou. Dans la nuit du 25-26 novembre, les Allemands évacuent Mulhouse. Le 27, autour de Dannemarie, les dernières troupes allemandes se rendent, après avoir lutté avec obstination. Au terme de ces combats, la 1re armée française, bien que victorieuse, enregistre la perte de 1 300 tués et de 4 500 blessés. Pour autant, malgré ce succès français, une poche de résistance s'est formée autour de Colmar qui ne pourra être enlevée qu’en février 1945.