Du sable de Koufra au bocage de l’Orne
Après le ralliement de l’Afrique équatoriale au général de Gaulle, Leclerc, alors commandant militaire du Tchad, lance l’attaque sur Koufra, oasis italienne située au sud-est de la Libye. A la tête de la colonne Leclerc, il obtient la reddition de la garnison italienne. Cette victoire prend une portée symbolique. En effet, Leclerc jure devant ses hommes de ne déposer les armes que lorsque les couleurs du drapeau français flotteront sur la cathédrale de Strasbourg. C’est le "serment de Koufra".
Le 24 août 1943, Leclerc se voit confier le commandement de la 2e DB qui reçoit son instruction au Maroc puis en Angleterre à partir d’avril 1944.
La 2e DB débarque le 1er août 1944 à Saint-Martin-de-Varreville, dans le secteur d’Utah Beach. Sa participation aux combats de libération est hautement symbolique et politique.
L’engagement de la 2e DB dans la Bataille de Normandie, l’encerclement et la fermeture de la Poche de Falaise-Chambois
Placée sous commandement américain, elle est affectée à la IIIe Armée du Général Patton. Du 1er au 6 août, elle se regroupe en trois groupements tactiques (GT) commandés par les colonels Dio (GTD), de Langlade (GTL) et Warabiot (GTV). Elle entre en action le 7 au sud d’Avranches. Elle est associée à la manœuvre alliée qui va tenter d’encercler les troupes allemandes de la 5e et de la 7e armée en faisant la jonction entre les troupes américaines et les troupes britanniques et canadiennes.
Le 9 août, une colonne de la IIIe armée américaine investit Le Mans. La 2e DB, arrivée de Laval, se positionne à l’ouest. Elle reçoit le lendemain l’ordre de participer à l’offensive. La manœuvre d’encerclement commence. Le 11 août, après de durs combats dans le nord de la Sarthe, à La Hutte et à Fyé, la 2e DB est à Champfleur, aux portes d’Alençon, qu’elle libère le lendemain. C’est la première ville de France métropolitaine libérée par des Français.
La 2e DB continue sa progression vers la forêt d’Ecouves. L’objectif est Écouché, situé sur l’axe de repli des Allemands. Mais, dans le massif forestier, les Allemands lui opposent une résistance sérieuse. La 2e DB s’y bat farouchement afin d’en déloger les chars allemands de la 9e division Panzer.
La 2e DB finit d’encercler la forêt le 13 août, date à laquelle la colonne Warabiot atteint Écouché. Le même jour, elle prend Carrouges puis établit ensuite une ligne depuis Écouché jusqu’à Exmes pour contenir les Allemands qui se sont trouvés piégés entre Falaise et Argentan.
Le 15 août, ce sont 150 000 soldats allemands qui sont massés dans un espace de 50 kilomètres sur 20 kilomètres, avec pour seule sortie une bande qui se rétrécit rapidement, à l’est de l’axe Argentan – Falaise. Etroit couloir pour le maintien duquel les Allemands combattent jusqu’à la fin de la bataille de la poche de Falaise-Chambois.
Le 16 août, Hitler valide un mouvement de retraite sur la Touques puis la Seine.
Jusqu’au 18 août, les troupes de Leclerc contiennent la forte poussée allemande jusqu’au sud d’Argentan. Le GTL positionné sur le secteur d’Omméel participe ensuite à la fermeture de la poche où 100 000 Allemands sont enfermés. 50 000 parviennent à s’échapper, 40 000 sont faits prisonniers et environ 10 000 sont tués au cours des combats.
La marche vers Berlin
Leclerc, qui a installé son PC à Fleuré, s’impatiente d’attendre l’ordre qui arrive finalement le 22 août. La 2e DB s’élance alors vers Paris, libéré le 25 août. Elle continue ensuite le combat en Alsace jusqu’à la fin de l’hiver. Envoyée contre son gré du côté de Châteauroux afin d’aider les Alliés à réduire les poches allemandes de l’Atlantique, elle participe à la libération de Royan. Puis elle reprend la direction de l’Allemagne, pénètre en Bavière au printemps 1945 et termine sa campagne en prenant Berchtesgaden, le nid d’aigle d’Hitler.
La nécropole des Gateys, un site dédié au souvenir des morts de la 2e DB
A l’issue de ces combats en Normandie, les corps de cinq militaires morts en forêt d’Écouves, sont inhumés sur place dans un terrain privé au lieu dit "Les Gateys", sur la commune de Saint-Nicolas-des-Bois. En 1964, l’association La Maison des Anciens de la 2e DB acquiert cette parcelle où se déroulent régulièrement d’importantes cérémonies commémoratives. Elle aménage le site et le transforme en un véritable petit cimetière privé.
En 1987, l'Etat souhaite un regroupement des sépultures dispersées des militaires de la 2e DB tombés pour la libération du département. La Maison des anciens de la 2e DB donne le terrain des Gateys pour accueillir ces nouvelles sépultures. 11 corps y sont alors transférés.
Ce cimetière militaire, aujourd’hui nécropole nationale, accueille 17 sépultures. Deux d’entres elles renferment chacune les corps de deux militaires dont les restes mortels sont indissociables.
La cohabitation de croix latine et de stèles marquées du croissant de l’Islam ou de l’étoile de David correspond à l’esprit d’union et de fraternité de la 2e DB.