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La nécropole nationale de Cuts regroupe les dépouilles de soldats morts pour la France lors des différentes batailles de l’Oise entre 1914 et 1918. Créée à l’issue des combats, cette nécropole est aménagée en 1920 et 1922 pour y réunir les corps d’autres soldats exhumés de différents cimetières provisoires de l’Oise. Cette nécropole regroupe 3 307 corps français, dont 1 537 reposent en tombes individuelles. Deux ossuaires rassemblent les restes mortels de 1 770 combattants. Les corps de dix soldats français morts lors de la bataille de France en juin 1940 et celui d’un russe, reposent également au sein de la nécropole nationale de Cuts.
À l’entrée du village, le calvaire de la Pommeraye commémore les combats de 1914 et les destructions de 1917. Tout près de là, un monument honore l'engagement des Somalis "Morts pour la France" à Douaumont en 1916, au Chemin des Dames en 1917, à La Malmaison en 1917, au Mont de Choisy en 1918, à Longpont en 1918 et à la Pointe de Grave en 1945.
Aux premiers jours de septembre 1914, la Ire et IIe armées allemandes déferlent dans l'Oise et marchent vers le sud en direction de Paris. Une semaine plus tard, à l'issue du sursaut français sur la Marne notamment de la 2e et 6e armées françaises, ces troupes se replient plus au nord sur une ligne entre Lassigny et Tracy-le-Val, non sans avoir livrer de violents combats notamment autour de Cuts et de son hôpital auxiliaire installé dans le château du Baron de Langlade. Du 13 au 25 septembre, la 37e division d’infanterie et la 3e brigade marocaine luttent pied à pied dans les environs de Tracy-le-Mont pour reprendre les bois de Tracy-le-Val, ceux de Carlepont ou les carrières de Bimont. Sans succès, le front se fige. Au Nord-Est de l’Oise, les armées françaises et Allemandes se font désormais face. Jusqu’en 1918, ce secteur du front ne connaît pas d'importantes opérations même si de violents combats éclatent en 1915 et 1916 pour le contrôle de la colline de Lassigny, le plateau de Touvent ou le Bois des Loges.
Au printemps 1918, le rapport de force tourne en faveur des Allemands qui peuvent, à la faveur du traité de Brest-Litovsk, concentrer tous leurs moyens sur le front occidental, en particulier dans la Somme et dans l’Oise.
La bataille de l’Oise, mars-avril 1918
Exploitant les divisions entre les Alliés, le général allemand Ludendorff cherche à repousser les Britanniques sur les côtes de la Manche en exécutant une manœuvre rapide et brutale. Au matin du 21 mars, après un bref et violent bombardement, les troupes allemandes attaquent dans la Somme, entre Arras et La Fère. Les Britanniques conduits par les généraux Byng et Gough sont contraints de se replier. En une seule journée, le front britannique est enfoncé. Sous la pression ennemie, une brèche de 80 kilomètres s'ouvre à la jonction des armées britanniques et françaises. Après quatre ans d’immobilisme, le front, sous ces coups de buttoir, est rompu, dans la Somme et dans l’Oise.
À la hâte, le général Pétain, chef des armées françaises, mobilise ses réserves et envoie les 3e et 5e armées, dans les secteurs de Noyon et de Lassigny. Les jours suivants, la progression allemande se poursuit sous les yeux de l'empereur Guillaume II. Les Britanniques refluent vers Amiens. Le 24, Chauny tombe. Le 25 mars, les Allemands entrent à nouveau dans Noyon. Comme en septembre 1914, l'ennemi est aux portes de Paris, menacée par les bombardements du Pariser Kanonnen. Cette pièce d'artillerie de longue portée, située dans la forêt de Pinon, à 120 kilomètres de Paris, sème la panique dans la capitale. Les combats se poursuivent au sud-ouest de Noyon, notamment au Mont-Renaud. En deux jours, bousculant la 3e armée française du général Humbert, la VIIe armée allemande atteint la Marne au niveau de Château-Thierry. La route de Paris semble ouverte. Dans un ultime effort, Ludendorff décide de porter une nouvelle action sur l'Oise.
La bataille du Matz, 9-11 juin 1918
Au matin du 9 juin, après une préparation d’artillerie aussi brève qu’intense, les XVIIIe et VIIe armées allemandes s’élancent en direction de Compiègne et d’Estrées-Saint-Denis. Les hommes de la 3e armée française du général Humbert déjà durement éprouvée par les offensives du printemps subissent ce choc. De violents combats se déroulent devant Courcelles, Thiescourt ou sur les collines du Mont-Renaud et du Plémont. Sur les pentes de cette dernière, à l'ouest de Lassigny, les hommes de la 1re division de cuirassier à pieds (DCP) repousse ainsi treize assauts. Cependant, sous la pression ennemie, ils sont contraints d’abandonner leurs positions. À Ressons-sur-Matz, les hommes du 295e régiment d’infanterie (RI) sont débordés. Au soir du 9 juin, le centre du dispositif français est enfoncé. Une poche de neuf kilomètres se forme dans les lignes françaises. Le 10, l'ennemi atteint la vallée de l'Aronde. Mery-la-Bataille et Maretz-sur-Matz tombent à leur tour. La situation est des plus dramatiques.
Pour autant, le 11 juin, le général Mangin reçoit l’ordre d’attaquer le flanc droit de l’armée allemande avec quatre divisions en direction de la vallée du Matz. L'ennemi est surpris par cette manœuvre. Les Français avancent si vite qu'ils progressent bientôt sans appui. L'artillerie se déploie moins vite que les fantassins privés aussi des chars lourds Schneider et Saint-Chamond. Ces engins sont un à un neutralisés. L'ennemi s'accroche. Pourtant, cette contre-offensive permet de reprendre les positions perdues la veille et repousser les allemands au-delà du Matz. Le 13, le mouvement s'enraye. L’ennemi ne peut plus engager de nouveaux moyens. Les Français poursuivent leurs efforts. La bataille du Matz se solde par un échec allemand. Mais, la 3e armée vient de payer un lourd tribut pour la défense de l’accès à Paris. Elle compte 40 000 hommes hors de combat, tués, blessés ou disparus. Le nouveau front se stabilise à 10 kilomètres de Compiègne. Les combats se poursuivent jusqu’au mois d’août, date à laquelle le département est entièrement libéré. C'est en forêt de Rethondes à Compiègne qu'est signé l’armistice du 11 novembre 1918.