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Dans cette nécropole nationale reposent les dépouilles d’environ 2 000 soldats décédés lors des combats qui se sont déroulés, en 1918, dans la région. Ce cimetière est aménagé de 1918 à 1922 pour réunir les corps des soldats exhumés de tombes isolées ou de différents cimetières provisoires de la région (Anthenay, Igny-Comblizy, Soilly, Vandières). Au titre de la Grande Guerre, reposent près de 1 895 soldats français dont 661 inhumés dans deux ossuaires, 22 Britanniques, notamment des aviateurs de la Royal Air Force. Par ailleurs, depuis 1954, les corps de 34 combattants morts pour la France en juin 1940, dont sept inconnus, sont rassemblés ; parmi eux deux frères jumeaux, Albert et Henri Adda, incorporés au 173e régiment d’infanterie alpine, décédés respectivement le 9 juin 1940 à Maizy (tombe 1292) et le 13 juin 1940 à Festigny (tombe 1291). Le cimetière allemand mitoyen, regroupe près de 2 000 soldats dont beaucoup tombés en 1918 issus de régiments de Thuringe, de Saxe ou de Prusse orientale.
La résistance alliée au Friedensturm, la seconde bataille de la Marne
Au printemps 1918, les Allemands peuvent, à la faveur du traité de Brest-Litovsk, concentrer tous leurs moyens sur le front occidental. Exploitant les divisions entre les Alliés, le général allemand Ludendorff cherche à repousser les Britanniques sur les côtes de la Manche en exécutant une manœuvre rapide et brutale. Au matin du 21 mars, les troupes allemandes attaquent. En une seule journée, le front britannique est enfoncé. Une brèche s'ouvre alors à la jonction des armées britanniques et françaises. Après quatre ans d’immobilisme, le front est rompu, dans la Somme et dans l’Oise.
Tout au long du printemps 1918, les Allemands poursuivent leur effort. Le 27 mai, mobilisant toutes leurs ressources, ils lancent, sur un front de 90 km, une nouvelle offensive sur le Chemin des Dames et en Champagne pour séparer les armées alliées du nord de celles de l'est. Sous cette pression, les lignes françaises sont enfoncées. Comme en septembre 1914, Paris est menacée. A la hâte, à l'ouest de Château-Thierry, le haut-commandement allié engage les troupes américaines. À l'est et sur la montagne de Reims, il cherche à enrayer la progression ennemie dans la vallée de la Marne. Les Allemands souhaitent contrôler de l'axe Epernay-Dormans qui ouvre la route vers Paris. Assurant la défense de la Montagne de Reims, les Français soutenus par les Britanniques et les Italiens résistent aux assauts répétés des Allemands qui perdent les terrains nouvellement conquis.
Le 15 juillet, Ludendorff engage ses dernières forces. De Longpont à Bligny, ce sont trente divisions qui sont concentrées. Au terme d’un violent bombardement, les fantassins allemands atteignent la Marne sur laquelle des passerelles ont été jetées, depuis Gland jusqu’à Mareuil, sur un front de 20 km. Devançant cet assaut, les Français se replient sur d’autres positions. Seuls des postes d’observation persistent pour signaler l’avancée des colonnes ennemies prises sous le tir des contre-batteries. Les Français et leurs Alliés infligent ainsi de lourdes pertes aux Allemands.
Le 17, Ludendorff doit admettre que son offensive est un échec avec la perte de 400 canons et 20 000 prisonniers. Pour la 4e armée du général Gouraud et les Alliés, la victoire semble acquise. Le 18 juillet, une vaste et puissante contre-attaque est lancée. Les Français parviennent à s’emparer des objectifs stratégiques, dominant ainsi la rive droite de la Marne. Faute de ressources humaines et matérielles, les Allemands sont débordés et lâchent progressivement leur position. En août, Paris est définitivement dégagée. Soissons, Château-Thierry et plus de 200 villages sont délivrés. C’est le second « miracle » de la Marne. A l’automne, les Alliés entament la poursuite de l’ennemi, sur un front de 400 km, jusqu’au 11 novembre 1918.
Le mémorial des deux batailles de la Marne
Au cœur des combats de septembre 1914, la ville de Dormans est relativement épargnée par les opérations militaires. Pour autant, elle devient, en juillet 1918, l'un des enjeux majeurs. Attaquée par trois divisions allemandes, elle est défendue par la 51e division française qui doit provisoirement abandonner leurs positions. Le 20, elle est définitivement dégagée de la pression ennemie.
En ce lieu symbolique, un mémorial honorant le sacrifice des combattants français et alliés engagés lors des deux batailles de la Marne est érigé de 1921 à 1931, grâce à l'engagement de Mme de la Rochefoucauld, du cardinal de Reims, de l'évêque de Châlons, d’autorités militaires et de nombreux donateurs. Avec l’ossuaire de Douaumont, la basilique de Notre-Dame de Lorette, le mémorial du Hartmannswillerkopf, ce mémorial est un des quatre monuments nationaux érigés par souscription après la Grande Guerre. Conçu par les architectes Marcel et Closson, ce bâtiment d’inspiration gothique s'articule autour de deux chapelles commémoratives illustrées de vitraux patriotiques. À l'extérieur, se dresse une lanterne des morts, rappelant le sacrifice et le deuil de nombreuses familles. Un ossuaire rassemble les restes de près de 1500 soldats, pour la plupart inconnus.
Le ministère de la défense a apporté, à partir de 2014, son soutien à la ville de Dormans, propriétaire du site, pour la restauration de l’ensemble du mémorial.