La Résistance en zone Sud
Dès l’été 1940, des individus et des petits groupes protestent contre l’Occupation et critiquent les orientations politiques de l'État français, récemment au pouvoir. Mouvements et réseaux de Résistance se développent progressivement en Provence non-occupée, comme dans tout le pays.
En novembre 1942, les Allemands franchissent la ligne de démarcation et envahissent la zone libre. La Résistance se renforcent de nouveaux individus et les actions armées contre l’Occupant se développent.
Le 26 janvier 1943, sous l’impulsion de Jean Moulin, les trois grands mouvements de zone Sud (Combat, Libération Sud et Franc Tireur) se regroupent pour devenir les Mouvements Unis de la Résistance (MUR). Ils mettent en place une organisation clandestine très structurée comportant différents secteurs d’actions : l'Armée Secrète (AS), le Noyautage des Administrations Publiques (NAP), la Section Atterrissage Parachutage (SAP), le Recrutement Organisation Propagande (ROP), une Organisation Universitaire (OU)… Des maquis, émanant des MUR, des Francs-tireurs et partisans (FTP) ou de l’Organisation de Résistance de l’Armée (ORA), se constituent dans les régions montagneuses où se sont réfugiés de nombreux réfractaires au STO. Entre décembre 1943 et février 1944, les différentes forces armées de la Résistance se regroupent pour former les Forces Françaises de l’Intérieur (FFI).
En 1944, les résistants de la zone Sud préparent la Libération du territoire. Des Comités Départementaux de Libération (CDL) sont constitués. Après le débarquement des troupes alliées en Normandie du 6 juin 1944, la répression menée par l’armée allemande, la Gestapo et la Milice s’intensifie, en particulier contre les maquis créés en juin dans la région provençale.
Les exécutions de juillet et août 1944
Pendant l’été 1944, une trahison permet à la Gestapo d’arrêter de nombreux résistants de R2 (actuelle région Provence-Alpes-Côte-d’Azur). C’est le cas, le 16 juillet 1944, pour la quasi totalité des membres du Comité Départemental de Libération des Basses-Alpes, réunis à Oraison. D’autres sont interpellés à leur domicile ou lors de rendez-vous. Soumis à des interrogatoires et à la torture au siège de la Gestapo de Marseille, au 425 de la rue Paradis, ils sont ensuite transférés à la prison des Baumettes.
Le 18 juillet, après un simulacre de jugement, vingt-neuf de ces hommes sont fusillés dans un vallon isolé des bois de Signes. Le 12 août, neuf autres résistants sont exécutés sur le même site. Les corps sont enfouis sur place.
La découverte de ce charnier en septembre 1944 révèle la brutalité de ces exécutions : certains ont été enterrés vivants et de la chaux vive a été jetée sur les corps les rendant parfois méconnaissables. Parmi les victimes, il est possible d’identifier des résistants provenant de différents mouvements et organisations : le président du Comité Départemental de Libération (CDL) des Basses-Alpes, plusieurs membres des Mouvements Unis de Résistance (MUR), de l’Organisation Universitaire (OU) et du Noyautage des Administrations Publiques (NAP), le chef des Forces Françaises de l’Intérieur (FFI) de la Région 2, le délégué militaire régional (DMR), des jeunes officiers des Forces Françaises Libres (FFL), un Britannique du Special Operations Executive, un officier américain, …
Dans les bois de Signes, les nazis ont infligé de lourdes pertes à la Résistance provençale, la privant, à la veille du débarquement de Provence, de plusieurs de ses responsables.
Le 21 septembre 1944, des obsèques nationales ont lieu au cimetière Saint-Pierre de Marseille, présidées par Raymond Aubrac, alors commissaire régional de la République, en présence des autorités civiles, militaires et religieuses. Depuis, dans ce "vallon des martyrs" devenu nécropole nationale, chaque année, le 18 juillet, une cérémonie rend hommage aux 38 résistants.
Cérémonie du 18 juillet 1945. Collection Chiny
Les fusillés de Signes
44 ans - directeur d’école - CDL des Basses-Alpes
45 ans - courtier - Chef départemental de l’AS des Bouches-du-Rhône
37 ans – Lieutenant FFI
40 ans - agent commercial - Réseau La France au Combat
59 ans - avocat - Réseau La France au Combat
29 ans – professeur – responsable régional de l’OU
30 ans – officier français – Chef de la Mission interalliée (DMR par intérim)
36 ans – directeur de coopérative agricole – SAP Basses-Alpes
34 ans - ingénieur des ponts et chaussées - Chef régional du NAP
55 ans - contrôleur principal des PTT - Chef régional du NAP-PTT
29 ans - professeur de philosophie - CDL des Basses-Alpes
44 ans - médecin - Médecin FFI Basses-Alpes
49 ans – décorateur - MLN
32 ans - médecin - SOE britannique
19 ans - étudiant - OU
27 ans - secrétaire de Mairie - CDL des Basses-Alpes
44 ans, chef mécanicien - NAP SNCF
29 ans – officier français - ORA
41 ans – peintre – CDL des Basses-Alpes
20 ans - étudiant - OU
32 ans – publiciste - Agent de renseignement OSS
20 ans – Chef du service de liaison du MLN
22 ans - étudiant - OU
46 ans - directeur de coopérative - Responsable MLN et président du CDL des Basses-Alpes
45 ans - entrepreneur - Chef NAP des Bouches-du-Rhône
34 ans - officier américain - Mission interalliée OSS
30 ans - officier français – Commandant du secteur AS de Marseille
31 ans - officier français – FFL
23 ans - officier français - BCRA – FFL
39 ans - infirmier - CDL des Basses-Alpes
28 ans - mécanicien – Agent FTP Basses-Alpes
31 ans - officier français - Chef régional des FFI
20 ans - étudiant – FFI (secrétaire de Robert Rossi)
18 ans - étudiant – Agent FTP Basses-Alpes
44 ans - notaire - AS